Italie : Une journée de grève réussie18/12/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/12/2420.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Une journée de grève réussie

Des centaines de milliers de travailleurs ont manifesté dans les rues, et certainement des millions ont répondu à l'appel à la grève générale lancé vendredi 12 décembre en Italie par les syndicats CGIL et UIL. Des manifestations ont eu lieu dans 54 villes, et elles ont été une démonstration de leur capacité de mobilisation, avant tout pour la CGIL qui est la principale confédération syndicale italienne. Elles ont été aussi et surtout une démonstration, de la part d'une grande partie des travailleurs, de leur conscience de la nécessité de réagir aux attaques du gouvernement Renzi.

Celui-ci vient de faire adopter par le Parlement son Jobs act, une loi par laquelle il entend réformer le marché du travail au pas de charge, en commençant par abolir une série de droits conquis par le passé. Il achève de vider de son contenu l'article 18 du Statut des travailleurs, qui en principe les protégeait des licenciements abusifs en contraignant dans un tel cas l'employeur à les réintégrer. Mais il donne aussi aux patrons des droits de surveillance accrus sur leurs salariés, et la possibilité de faire de la précarité la règle, en instituant un contrat de travail dit « à protection progressive ». Chef-d'oeuvre de l'hypocrisie renzienne, il permettra à un patron d'embaucher une personne à l'essai pendant trois ans de suite, en pouvant donc la licencier à tout moment. Ce n'est qu'au bout de cette période que le contrat de travail deviendrait à durée indéterminée. On imagine qu'en pratique ce serait la fin presque totale des CDI.

Sous prétexte bien entendu de lutter contre le chômage et d'inciter les patrons à embaucher, l'ensemble des mesures du Jobs act consistent en une libéralisation du marché du travail qui donne aux patrons tous les droits. Au point que le dirigeant de la Confindustria, la confédération patronale équivalent italien du Medef, a pu déclarer que le gouvernement Renzi « réalisait ses rêves ».

De fait, les mesures de Renzi sont presque directement copiées du programme patronal. Elles n'auront d'ailleurs de l'avis général aucun effet sur le chômage et la crise qui continue de s'aggraver. Neuf mois après son installation au gouvernement, assortie de la promesse d'une relance miraculeuse de l'économie qui découlerait de ses mesures, Renzi et ses boniments ne font d'ailleurs déjà plus illusion. Cela a certainement compté dans la décision de la CGIL d'appeler à la grève du 12 décembre, faisant elle-même suite à une manifestation à Rome le 25 octobre.

Cependant, si les dirigeants de la CGIL sont un peu sortis de l'apathie qui les caractérisait depuis des années, c'est d'abord pour démontrer que le gouvernement Renzi doit compter avec eux. Celui-ci, en voulant mener ses réformes au pas de charge, a aussi fait savoir aux dirigeants syndicaux qu'il se passerait de leur accord, contrairement à la pratique des gouvernements précédents. Lors de son discours à Turin le 12 décembre, la dirigeante de la CGIL, Susanna Camusso, a voulu répondre à l'arrogance de Renzi, en annonçant qu'elle « ne céderait pas ». Mais elle a aussi voulu lui faire savoir qu'elle est disposée à négocier, pour peu qu'il veuille bien se prêter à quelques compromis. IEt surtout elle s'est bien gardée d'annoncer aux travailleurs, après cette grève générale, quelque initiative que ce soit.

Pourtant, pour faire vraiment reculer Renzi et le patronat sur ce qui est une offensive de grande ampleur contre les droits des travailleurs, il faudra aller au-delà, vers une véritable riposte de l'ensemble de la classe ouvrière. Le 12 décembre, celle-ci a commencé à montrer sa force. Il lui reste maintenant à s'en servir.

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