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Editorial
Loi Macron : Tout pour les patrons
« Une loi pour la croissance et l'activité », voilà comment Valls et Hollande présentent la loi Macron. Ils n'ont décidément pas peur du ridicule. Ni l'ouverture de lignes de car nationales ni la libéralisation des professions d'avocat ou de notaire ne relanceront l'économie. Quant à vendre plus aux touristes le dimanche, cela fera surtout le bonheur de quelques grands magasins.
Plus cynique encore, ils vendent la loi Macron comme une « loi de progrès et de liberté ». Cette loi programme la quasi-disparition des inspecteurs du travail. Elle « simplifie » encore les procédures de licenciements collectifs, ce qui signifie que les travailleurs auront moins de droits, moins de recours, moins de temps pour défendre leurs intérêts. Et le gouvernement prétendument socialiste ose parler de progrès !
Au prétexte de réduire les délais d'attente aux Prud'hommes, la loi prévoit de renforcer le rôle des juges professionnels au détriment des conseillers prudhommaux, suspectés d'être trop favorables aux salariés puisque, dans 60 % des cas, ils leur donnent raison. Ce sera certainement un progrès pour le patronat, pas pour les travailleurs !
Après les reculs imposés par la réforme des retraites, après la loi sur la flexibilité qui a donné les coudées franches au patronat dans les entreprises, après les cadeaux du pacte de responsabilité que nous paierons tous, le gouvernement continue de démolir les droits des travailleurs les uns après les autres.
Le travail du dimanche en est le symbole. Oui, dans le contexte actuel, la banalisation du travail du dimanche est un recul pour les travailleurs. Le gouvernement assure qu'il respectera la liberté de chacun, car le travail du dimanche se fera au volontariat. Seuls de fieffés hypocrites peuvent parler ainsi.
Comment une employée de magasin craignant pour son emploi peut-elle dire non à son patron ? Comment dire, dans un entretien d'embauche, qu'on ne veut pas travailler le dimanche ? Et comment refuser, là où une compensation existe, 100 ou 200 euros de plus, quand on n'arrive pas à boucler ses fins de mois ?
Non, le travail du dimanche n'a rien d'un choix libre. Les salariés concernés y sont forcés par la nécessité comme par la pression patronale et, pour eux, ce sera une contrainte, un sacrifice de plus.
Le gouvernement prétend imposer une compensation systématique au travail du dimanche. C'est encore à voir, car la loi n'oblige pas à ce qu'elle soit financière. Les employeurs auront toute latitude pour ne pas majorer le travail dominical, surtout une fois qu'il sera banalisé.
Le travail du dimanche est très demandé par les étudiants, nous dit-on. Mais ce n'est pas par plaisir que certains étudiants passent leur dimanche à travailler chez McDo, c'est faute d'une bourse d'études suffisante.
Présenter comme une « liberté » ce qui n'est qu'un choix imposé aux exploités et aux plus pauvres fait partie depuis toujours de la propagande patronale. Au prétexte que des salariés l'acceptent, le patronat veut pouvoir faire travailler les salariés 24 heures sur 24, sept jours sur sept, au gré de ses intérêts bien sûr.
Aujourd'hui, le gouvernement accède aux désirs patronaux sur le travail du dimanche ; mais demain, à quoi s'attaquera-t-il ? Au nombre de jours de congés ? Au CDI ? Aux délégués du personnel ? Au smic ? Nombre de patrons se permettent aujourd'hui, au prétexte de la crise, d'imposer des baisses de salaire ; demain, ils demanderont au gouvernement de revenir aux 39 heures payées 35.
Le gouvernement et les médias veulent faire pleurer dans les chaumières avec les prétendues difficultés patronales. Même quand il est question du compte pénibilité, ce sont les patrons qu'ils veulent faire plaindre. À les entendre, ce n'est plus le port de charges lourdes, les gestes mille fois répétés, le travail dans le froid ou de nuit qui est pénible, c'est le travail harassant qui consiste à répertorier tout cela sur une feuille !
C'est le monde à l'envers. Et il n'y a aucune raison que les attaques patronales s'arrêtent là.
Les « verrous », les « carcans », que patronat et gouvernement dénoncent d'une même voix, sont des droits et des protections pour les travailleurs.
La lutte de classe a ses lois : quand les exploiteurs réclament « plus de droits » cela en signifie moins pour les exploités. Mais une des lois de la lutte de classe, c'est aussi que les exploiteurs ne peuvent pas tirer indéfiniment sur la corde.
Les travailleurs ne se laisseront pas renvoyer à la condition ouvrière du 19e siècle. Ils se sont battus pour en sortir, ils se battront pour ne pas y retourner.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 15 décembre