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Dans le monde
Plan Juncker : Quand les capitalistes se défient de leur propre système
Jean-Claude Juncker, le nouveau président de la Commission européenne, a précisé comment il voulait mobiliser 315 milliards en trois ans pour ranimer l'investissement en inspirant confiance aux détenteurs de capitaux. Pourtant, s'il y a une chose rare sur le marché en période de crise, c'est bien la confiance.
En faisant les fonds de tiroirs de l'Union européenne, Juncker a trouvé 16 milliards de dépenses déjà votées et non réalisées. Il va leur adjoindre 5 milliards de garanties de la Banque européenne d'investissement. Ces 21 milliards constitueront un fonds, pompeusement nommé Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS), qui pourra prêter jusqu'à trois fois sa mise, soit 63 milliards. Et Juncker estime que ces prêts de 63 milliards effectués par le FEIS entraîneront cinq fois plus d'investissements privés. Le tour est joué, nous voilà à 315 milliards.
Mais rien n'est automatique, dans ce plan gigogne. Avec 21 milliards, dont 5 de garanties, Juncker trouvera-t-il des emprunteurs pour 63 milliards ? Et ces 63 milliards en attireront-ils 315 ? À chaque étape, les capitalistes auront-ils confiance ? Aujourd'hui, le fait est qu'ils préfèrent spéculer à court terme qu'investir dans la production.
Juncker évoque de grands projets de coopération entre pays européens en matière d'énergie et de communications, qui n'attireront sans doute guère les capitaux privés. En lieu et place, il y aura des réalisations plus immédiates, mais sans véritable impact sur l'emploi et sur la croissance. Côté français, par exemple, on parle beaucoup du Roissy Express, cette ligne de chemin de fer qui relierait directement Paris à l'aéroport. Mais elle bénéficierait seulement à une clientèle relativement aisée, et laisserait les transports de la banlieue nord de Paris à leur dégradation.
Des plans pour relancer l'économie des capitalistes, qui n'y croient pas eux-mêmes, c'est tout ce qu'ont à proposer les gouvernements européens. Mais c'est l'« économie » des travailleurs qu'il faut relancer : du travail pour tout le monde, des salaires et des retraites qui permettent de vivre, des services publics qui fonctionnent !