Mexique : Cartels assassins et État complice12/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/2415.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mexique : Cartels assassins et État complice

Ces dernières semaines, des manifestations se sont succédé au Mexique pour protester contre la brutalité des forces de police, le pouvoir des cartels de la drogue et la corruption des politiciens. Le 8 novembre, en apprenant que trois hommes de main des cartels avaient avoué avoir tué et brûlé les corps des 43 étudiants portés disparus depuis six semaines, des manifestants ont incendié la porte du palais national sur la place du Zocalo à Mexico.

Le 26 septembre, des étudiants avaient manifesté dans la ville d'Iguala, au sud de Mexico. Non seulement la police avait tiré, faisant six morts et une vingtaine de blessés, mais 43 d'entre eux ont été enlevés sans qu'on n'en retrouve plus trace jusqu'à présent.

Rapidement, il s'est avéré que la police d'Iguala ne faisait qu'un avec le cartel local de la drogue pour mettre en coupe réglée cette ville de 140 000 habitants. Elle a réprimé les étudiants sur ordre du maire et de sa femme, très proches de cette mafia. Ce n'est que sous la pression des manifestations réclamant « qu'on les retrouve vivants », que le président Peña Nieto a lancé la police fédérale, pas moins corrompue et brutale, à la recherche des étudiants enlevés. C'est alors que plusieurs charniers, sans rapport avec les étudiants, ont été découverts aux alentours d'Iguala avec les restes d'au moins 80 corps, témoignant de l'inhumanité du pouvoir des narco-autorités. À ce jour 74 personnes, dont le maire d'Iguala qui avait fui, ont été arrêtées.

Ce drame révèle le Mexique tel qu'il est : un pays où les cartels de la drogue trouvent aisément des complicités parmi les hommes politiques, dans les rouages de l'appareil d'État, etc. Au côté de la bourgeoisie mexicaine et des trusts nord-américains, les cartels dominent ce pays et s'enrichissent, derrière la façade d'un président qui ferme habituellement les yeux sur toute cette pourriture meurtrière.

Peña Nieto est issu du parti institutionnel révolutionnaire qui a derrière lui des décennies de corruption. Ses adversaires ne valent pas mieux : pendant le passage au pouvoir, entre 2000 et 2012, du parti d'action national de droite la puissance des cartels s'est renforcée. Quant au parti de la révolution démocratique, de gauche, qu'on en juge : le maire d'Iguala en est membre.

Face à la répression légale et extra légale, face à une corruption qui pèse sur toute la société, la population mexicaine ne peut compter que sur sa propre mobilisation.

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