EDF : Les barrages ouverts aux capitalistes12/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/2415.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

EDF : Les barrages ouverts aux capitalistes

Le 14 octobre, l'Assemblée nationale a voté le projet de loi relatif à la transition énergétique. Un des articles prévoit d'ouvrir à la concurrence l'exploitation des concessions hydrauliques. La propriété des ouvrages restera publique, mais l'exécution des concessions pourra se faire par le biais de sociétés d'économie mixte où la part publique pourrait devenir minoritaire.

Pour dénoncer cette loi, les fédérations CGT et FO de l'énergie ont appelé le 4 novembre le personnel des industries électriques et gazières à se mettre en grève, appel qui a été plutôt bien relayé par les syndicats sur les sites. Ce fait est plutôt inhabituel car, sur d'autres sujets qui mécontentent les travailleurs, comme le blocage des salaires ou les surcharges de travail, les directions syndicales de l'énergie restent depuis longtemps inactives.

Sur le site recherche et développement de Chatou, où l'une des activités concerne la maîtrise des ouvrages hydrauliques, beaucoup s'opposent à la loi. Ce n'est pas tant à cause des menaces liées à la soif de profits d'autres opérateurs, car sur ce plan EDF-SA pratique une politique d'économies qu'aucun autre groupe privé ne renierait, qu'à cause de l'émiettement prévisible de la production hydraulique entre plusieurs entités. Cela engage dans le même mouvement l'éclatement de l'activité de recherche, actuellement concentrée à EDF.

La semaine a été ponctuée par des distributions de tracts, une heure de débrayage et une assemblée générale le jour de la grève. Une pétition a été signée par plusieurs dizaines de travailleurs le lendemain, pour appeler à la poursuite de la mobilisation.

Ce qui choque le plus est que le gouvernement brade aux capitalistes la gestion d'ouvrages que les usagers ont fini de payer, rééditant le scandale des autoroutes. En effet plusieurs groupes français ou étrangers, ; comme GDF-Suez, ENEL, E.ON, Vattenfall, Poweo ou Alpiq, trépignent d'impatience depuis des années pour mettre la main sur la « rente hydraulique ». Celle-ci représenterait selon un récent rapport parlementaire 1,25 milliard net, une rente plus élevée que la « rente nucléaire ».

Ce sentiment est renforcé par la déclaration du ministre Macron à Bercy, le 17 octobre, devant un parterre de capitalistes, confirmant que « c'est bien la volonté du gouvernement d'ouvrir le capital de RTE », RTE étant la filiale d'EDF chargée de transporter l'électricité sur le réseau haute tension. Là aussi, il s'agit d'une activité sans risque financier et extrêmement rentable.

Un autre aspect de la loi dénoncé par les travailleurs concerne le risque pouvant découler d'un éclatement des concessions. La production hydraulique et la gestion de l'eau des rivières participent en effet d'un tout cohérent, à la fois pour réguler le réseau électrique et pour garantir un étiage suffisant des cours d'eau pour assurer le refroidissement des centrales nucléaires. Enfin, le risque sur les conditions d'emploi du personnel, qui se trouvera un peu plus divisé en de multiples entités concurrentes, fait aussi partie des inquiétudes.

Pour l'instant, les travailleurs d'EDF ont donné un coup de semonce. Ce n'est pas fini, car le dégoût s'exprime de plus en plus largement contre la politique du gouvernement au service exclusif des capitalistes.

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