9 novembre en Catalogne : « espagnolistes » et « catalanistes » mentent pour occulter la réalité sociale12/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/2415.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

9 novembre en Catalogne : « espagnolistes » et « catalanistes » mentent pour occulter la réalité sociale

Le référendum du 9 novembre sur le futur statut de la Catalogne ayant été déclaré illégal par le gouvernement central de Rajoy, il s'est transformé en une consultation, non autorisée elle aussi, et en une journée de mobilisation symbolique. L'ampleur de la participation à ce vote « d'opinion » donne la mesure du mécontentement croissant dans les classes populaires de Catalogne, mais aussi de toute l'Espagne. Nous publions ci-dessous des extraits de l'éditorial du mensuel de nos camarades espagnols de Voz Obrera (UCI).

Sur les quelque 6 millions de personnes en âge de voter en Catalogne, plus de 2,25 millions ont participé à la consultation symbolique du 9 novembre, parmi lesquelles 1,6 million se sont prononcées pour l'indépendance. Pour Arthur Mas du CIU (représentant de la droite conservatrice au pouvoir en Catalogne), pour Oriol Junqueras de l'ERC (représentant de la gauche catalaniste), pour d'autres comme Carme Forcadell et l'ANC (une large association populaire), la journée a été un succès. Pour eux, la grande mobilisation du 9 novembre conduira inévitablement à recourir à un référendum d'autodétermination, avec à court terme l'organisation d'élections anticipées dans les « autonomies » régionales, mais ce n'est pas certain.

Cette réponse massive de la population répond à des intérêts différents et complexes, mais il est sûr qu'il y a unanimité dans le rejet de la position réactionnaire du gouvernement de Rajoy qui prétend empêcher que les Catalans puissent s'exprimer dans une consultation pour décider quel type de relations ils veulent avoir avec le reste de l'État. La politique du gouvernement du Parti populaire, les coupes budgétaires et la crise influencent aussi cette mobilisation. Les arguments du gouvernement, et y compris ceux des socialistes, pour empêcher la consultation, ne reposent que sur la force de la loi, de la Constitution, de la légalité. Une légalité minée de toutes parts. Une légalité très souple quand elle s'applique aux riches et aux puissants, mais stricte et sévère vis-à-vis des travailleurs et des plus faibles.

Au coeur de cette situation il y a la crise, et le soi-disant « droit de choisir » est destiné à répondre aux intérêts politiciens de Mas et ses alliés. Il se transforme en un piège destiné à freiner et détourner la réaction populaire contre les économies budgétaires, les licenciements, le chômage, etc., et à permettre à ces politiciens de se maintenir au gouvernement. Car ceux qui s'en font les défenseurs, aussi bien Mas l'homme de droite qu'Oriol Junqueras l'homme de gauche, préfèrent que la population se préoccupe du référendum plutôt que de la politique d'austérité, afin d'éviter qu'elle se mobilise pour un changement réel et social. Le droit de décider ? Oui, mais, pourquoi ne pas décider du problème des coupes budgétaires, du chômage ? (...)

Pendant des années, depuis l'apparition de la crise économique, le nationalisme catalan, dans ses différentes variantes, a essayé de tirer un profit politique de la situation, en développant l'idée que l'indépendance ou un État catalan leur donnerait les moyens d'empêcher les licenciements, les expulsions de logements, les fermetures d'usines, le chômage, etc.

Les références à la fiscalité sont un point sensible. « Nous donnons plus d'argent que nous n'en recevons » ; « Nous aurions une énergie moins chère parce que nous produisons de l'électricité à bas coût, que l'État espagnol nous oblige à payer à des prix abusifs » ; « Les investissements dans les infrastructures nécessaires n'ont pas été faits. » Tout serait donc la faute de Madrid ou des autres régions. Avec d'un côté un tel discours, et de l'autre les attaques de Rajoy, la population la plus catalaniste a mobilisé autour d'elle des couches de plus en plus larges, créant un courant d'opinion chaque fois plus favorable à l'indépendance.

Le piège est mis en place. La partie se joue entre nationalistes. Rajoy ou Mas ne cherchent qu'à retarder la prise de conscience de l'inévitable au sein de la population . Ils voudraient empêcher que le monde du travail, en Catalogne comme dans le reste de l'État espagnol, en arrive à la conclusion consciente que ce n'est qu'en éliminant le capitalisme et en expropriant la bourgeoisie que nous pourrons construire une société juste et égalitaire.

Ceux qui se rallient à Mas tout en se disant indépendantistes et socialistes, comme tous ceux qui ne font pas une critique radicale du nationalisme et de ses pièges, ne font que se mettre à la remorque de la bourgeoisie.

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