11 novembre : Hollande, pacifiste de circonstance12/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/2415.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

11 novembre : Hollande, pacifiste de circonstance

François Hollande a inauguré mardi 11 novembre un monument aux morts où sont inscrits les noms des 580 000 hommes, toutes nationalités confondues, tombés entre 1914 et 1918 dans les seuls départements du Nord et du Pas-de-Calais. Ces hommes « étaient tous des victimes, devant être saluées sans distinction », a-t-il dit.

Et d'entonner la version officielle de l'histoire : le nationalisme aurait poussé les peuples européens les uns contre les autres à deux reprises mais, les peuples ayant mûri, la construction de l'Union européenne mettrait désormais le continent à l'abri d'une telle barbarie.

Les nationalismes français, allemand, britannique d'avant 1914, véritables fabriques de va-t-en-guerre, ne tombaient pas du ciel. Ils exprimaient les intérêts matériels d'industriels et de banquiers concurrents pour la conquête et l'exploitation des colonies, en guerre commerciale pour les débouchés, luttant pour leurs profits. Lorsque la planète est devenue trop petite pour l'expansion des capitalistes concurrents, la guerre commerciale est devenue la guerre tout court, avec la peau des peuples, bien entendu. Le nationalisme le plus outrancier est alors devenu l'idéologie officielle de tous les États et de tous les politiciens, y compris les ancêtres de Hollande, les socialistes d'Union sacrée.

Dans la brève période d'accalmie de la fin des années 1920, la paix est redevenue à la mode, la Société des nations fut fondée, le prix Nobel de la paix attribué conjointement à un politicien français et à son collègue allemand, qui faisaient des discours ressemblant à ceux d'aujourd'hui. Mais, le capitalisme replongeant dans la crise, une nouvelle confrontation armée fut préparée par une nouvelle montée des nationalismes. Et les peuples embrigadés furent à nouveau jetés les uns contre les autres « pour les industriels et les marchands de canons ».

Depuis, les bourgeoisies européennes ont cherché à construire un marché unique et à codifier leur concurrence. Les historiens, les professeurs et les politiciens ont donc entonné à nouveau la trompette de la paix entre les peuples d'Europe. On comprend que cela touche les générations qui ont connu les guerres et en ont enseigné l'horreur à leurs enfants. Mais il faudrait être bien naïf pour croire que cela suffira.

Non seulement ces politiciens « pacifistes » et ces capitalistes « civilisés » sèment la mort et la guerre sur tous les continents, y compris l'Europe, de l'Ukraine à la Yougoslavie, mais leur système économique en crise peut, à nouveau, déboucher sur une guerre générale.

En disant que « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage », Jaurès affirmait qu'on ne pouvait en finir avec la guerre qu'en se débarrassant du capitalisme. Cela reste d'actualité.

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