Air France : La direction vole les pilotes grévistes12/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/2415.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : La direction vole les pilotes grévistes

Le SNPL, principal syndicat des pilotes d'Air France, vient de proposer à ses adhérents d'attaquer en Prud'hommes la compagnie. Il dénonce la façon dont sa direction a amputé la paie des pilotes qui avaient fait grève fin septembre et paralysé Air France durant deux semaines.

Quand les pilotes s'étaient déclarés en grève, par exemple le jour du départ d'un vol long-courrier sur l'Asie ou l'Amérique sur lequel ils étaient programmés, la direction leur a décompté comme non travaillée la rotation complète, soit bien souvent quatre jours : le jour de grève proprement dit, plus les deux jours de repos prévus sur place, plus le vol de retour. Donc, même les jours où un pilote ne faisait pas grève, il pouvait être considéré comme gréviste !

Cette situation est la conséquence de la loi qui porte le nom du député UMP Éric Diard, qui la fit adopter en février 2012. Cette loi Diard a été voulue par Sarkozy pour complaire à l'opinion réactionnaire à la veille de l'élection présidentielle. Le Parti socialiste l'avait alors dénoncée comme antigrève. Mais, une fois élu, Hollande et sa majorité refusèrent d'abolir une loi qui appliquait au secteur aérien des restrictions au droit de grève similaires à celles qui existent depuis 2007 à la SNCF et à la RATP.

Ainsi, sous peine de sanction, un salarié doit se déclarer gréviste individuellement 48 heures à l'avance. Et il doit déclarer sa reprise de travail 24 heures à l'avance.

Le but est de faire pression moralement et financièrement sur les salariés voulant faire grève et de donner le temps aux directions - comme chez Easyjet en août 2012 et en novembre 2013, chez CityJet en mai 2013, ou lors de la récente grève des 200 salariés en août 2012 et novembre 2013 de Lufthansa à Roissy - de faire venir d'autres pays, ou d'autres compagnies, des salariés afin de remplacer les grévistes.

En septembre, c'est ce qu'a fait Air France, applaudi et encouragé par le gouvernement, la droite, les médias et le patronat des transports.

On ne sait pas quelle suite la justice donnera aux plaintes des pilotes d'Air France, face à une direction qui revendique son droit de les sanctionner en tant que grévistes et qui a annoncé qu'elle ferait appel d'un éventuel jugement défavorable.

En tout cas, ils ont raison de ne pas laisser passer ce mauvais coup et de mettre en cause, devant le reste du personnel, cette loi scélérate voulue par la droite et maintenue par la gauche, parce qu'elle s'en prend aux grévistes.

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