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Sierra Leone : Dans les tentacules de Bolloré
En 2011, des manifestations avaient eu lieu pour dénoncer un accord signé par le gouvernement du Sierra Leone permettant à la société Socfin, domiciliée au Luxembourg, et dont le groupe français Bolloré est actionnaire à hauteur de 38,7 %, de faire main basse sur des terres agricoles. Aujourd'hui, cinq militants d'une association sont traduits en justice, accusés d'avoir détruit des plants de palmiers à huile, ce qu'ils nient. En revanche, la justice ne s'interroge pas sur les cultures vivrières qui disparaissent.
Or la Socfin a obtenu l'usage, pendant cinquante ans, de 6 500 hectares avec en option 5 000 hectares supplémentaires, lui permettant de remplacer notamment des cultures de manioc par des plantations de palmiers à huile. Les loyers payés par Socfin sont dérisoires, équivalant à 9,3 euros par hectare et par an, encaissés pour moitié par les autorités locales. Ils ne pourront être révisés qu'au bout de sept ans, alors que le pays connaît une inflation galopante. De quoi réaliser de plantureux bénéfices, exonérés de l'impôt sur les sociétés.
Les liens de Bolloré sont étroits avec la Socfin, nom abrégé de la Société financière des caoutchoucs. Vincent Bolloré y siège au conseil d'administration. Par ailleurs, il gère directement le port de Freetown, la capitale du Sierra Leone, point de passage pour l'exportation des métaux, et il vient de supplanter les transporteurs locaux pour l'acheminement du minerai de fer de la mine de Marampa, exploitée par une société anglaise. Et le Sierra Leone n'est qu'un tout petit morceau de l'empire que Bolloré s'est taillé en Afrique.