États-Unis : Après 42 ans en prison, libéré pour mourir08/11/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/11/une2362.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Après 42 ans en prison, libéré pour mourir

On les appelait les « Trois d'Angola », trois prisonniers noirs américains du pénitencier d'Angola en Louisiane : Robert King, Albert Woodfox et Herman Wallace. Robert King a passé 29 ans à l'isolement, ses deux camarades 42 ans. Hermann Wallace, atteint d'un cancer du foie en stade terminal, a été remis en liberté le 1er octobre. Il est mort trois jours plus tard, à 71 ans.

Accusés de vol, ils avaient été incarcérés au pénitencier d'Angola en 1971. Wallace et Woodfox étaient membres du Black Panther Party. En prison, ils militèrent pour l'amélioration des conditions de détention, contre la ségrégation et les viols et agressions de prisonniers.

En 1972, Woodfox et Wallace furent accusés du meurtre d'un gardien et King d'être leur complice. Rien ne prouve qu'ils étaient coupables. Les prétendues preuves ont disparu. Le principal témoin oculaire a été confondu. Enfin, dans un des documentaires plaidant leur cause, la veuve du gardien tué avait dit sa conviction qu'ils étaient innocents. Mais, à chaque appel, la justice a reconfirmé la sentence et les trois hommes restèrent en prison et à l'isolement.

En 1997, un étudiant découvrit par hasard leur présence dans les oubliettes de la justice américaine. Une campagne de dénonciation du racisme du système judiciaire américain fut lancée, qui aboutit à la libération de King après 29 ans de confinement. En 2008, au bout de 36 ans, Woodfox et Wallace quittaient enfin la cellule d'isolement pour un quartier de haute sécurité. Mais l'année suivante, parce qu'ils avaient fait un nouvel appel, ils furent replacés en isolement dans des prisons différentes.

Ils avaient largement purgé leur peine et étaient en mauvaise santé après tant d'années de prison, aussi la Cour suprême des États-Unis admit que le maintien à l'isolement d'un prisonnier pendant plus de trente ans est « inhumain et inconstitutionnel ». Mais rien ne changea, car l'appareil judiciaire restait hostile à leur libération, avouant même que leur plus grand crime restait leur engagement dans un mouvement noir radical. Quand Wallace, mourant, fut enfin libéré, l'État de Lousiane fit encore appel pour empêcher sa libération. Le 3 octobre, une cour le condamnait à nouveau pour le réincarcérer. Mais, le lendemain, il était mort.

Faudra-t-il que Woodfox soit mourant pour qu'il sorte de prison ? La même question vaut pour Mumia Abu-Jamal, le Sioux Leonard Peltier, les prisonniers de Guantanamo et bien d'autres qui pourrissent dans les prisons des États-Unis, un pays qui ose se dire le pays de la liberté !

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