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Air France fait son marché : Des milliers d'emplois menacés chez Alitalia
Mais que dément le PDG d'Air France-KLM ? Il dit mettre « des conditions financières, industrielles et sociales strictes » à son acceptation du plan de restructuration d'Alitalia. On sait ce que recouvre, en Italie comme en France ou ailleurs, le terme « plan de restructuration » : des licenciements. Et, que ce PDG choisisse ou pas de les chiffrer pour les besoins de ses négociations avec les autorités italiennes, il faut rappeler qu'il vient de lancer un nouveau plan de 1 800 suppressions d'emplois chez Air France. En quelques années, ce sont 20 % des effectifs d'Air France que sa direction a ainsi supprimés.
En fait, toutes les compagnies aériennes, à commencer par les plus puissantes, mettent à profit la crise économique mondiale à la fois pour récupérer les plus faibles, donc pour accroître leur part de marché, et pour comprimer sans cesse salaires et effectifs.
Pour ne citer que des cas très récents, British Airways a fait tomber dans son escarcelle l'espagnole Iberia et Lufthansa a mis la main sur l'ex-Swissair qui avait fait faillite. Quant à Air France, troisième larron de la troïka qui domine le transport aérien européen, elle a absorbé la compagnie néerlandaise KLM. Elle aimerait se subordonner définitivement Alitalia en profitant de ses difficultés actuelles. Il s'agirait d'en faire une sorte de filiale court et moyen-courrier, chargée de rabattre la clientèle méditerranéenne vers les vols long-courriers d'Air France-KLM.
Air France-KLM a déjà obtenu que Rome mette de nouveaux fonds publics dans Alitalia, la poste italienne prenant jusqu'à 12 % de son capital. Comme la compagnie des Émirats arabes unis, Etihad, et celle d'Abu Dhabi, Qatar Airways, ont renoncé à entrer dans le capital d'Alitalia, Air France-KLM se retrouve seule en lice. Elle est en position de force pour exiger que l'État italien éponge 70 à 80 % de sa dette : 1,2 milliard d'euros. Le gouvernement italien ayant déclaré qu'il ne voyait d'avenir pour Alitalia qu'« adossée » à une grande compagnie, Air France lui laisse le soin de licencier chez Alitalia, et de présenter la chose à sa population.
Va-t-on encore entendre que ces licenciements assaisonnés de subventions publiques sont « indispensables à la survie d'Alitalia » ? Sans doute car, quelle que soit la langue qu'ils emploient, les patrons licencieurs et les gouvernants mènent la même politique contre les travailleurs, et ce ne sont pas les mensonges qui les étouffent. Pour s'emparer d'Alitalia, la direction d'Air France a prévu de débourser 300 millions d'euros, au moment même où elle invoque une trésorerie en berne pour supprimer des milliers d'emplois, cette fois de ce côté-ci des Alpes.