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- Lutte ouvrière n°2362
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Leur société
Non à l'écotaxe qui frappe à peine les gros mais surtout les petits ! Qui paye ou aurait payé ?
Le principe de l'écotaxe est apparu en octobre 2008 lors du Grenelle de l'environnement. Il s'agissait de faire payer aux transporteurs une partie de l'entretien des routes dont la dégradation est due essentiellement au passage des poids lourds. Le gouvernement prétendait aussi promouvoir indirectement la diminution du transport sur route au profit du rail ou du transport fluvial. C'était la vitrine écologique de la politique gouvernementale de Sarkozy qui, pourtant, décida en 2010 l'autorisation progressive des poids lourds de 44 tonnes au lieu de 40.
En fait de publicité, le ministre de l'Écologie Jean-Louis Borloo se trouva vite confronté aux réclamations des régions périphériques, comme la Bretagne, et en particulier du patronat local. Il mit en place une commission qui déboucha sur la minoration de la taxe pour les régions éloignées. Entre les difficultés pratiques et les pressions politiques, l'application de la loi fut repoussée jusqu'à ce que le gouvernement Hollande la prenne en charge avec le succès que l'on sait !
Le mécanisme consiste à faire payer une taxe à tous les transports de marchandises, qu'ils roulent à vide ou chargés, dont le poids est supérieur à 3,5 tonnes. Les autoroutes étant déjà payantes, ce sont les trajets réalisés sur des nationales non payantes qui sont taxés, ainsi que sur les départementales contournant les itinéraires payants, pour éviter que les transporteurs fuyant la taxation ne les transforment en bouchons permanents : cela représente en tout 15 000 kilomètres.
Le barème varie selon la taille du véhicule et devrait être modifié selon ses performances environnementales : un véhicule moins polluant devrait éviter une surtaxe et même, à l'avenir, avoir droit à une réduction. Un tarif minoré est prévu pour des départements des régions périphériques, Bretagne (moins 50 %), Midi-Pyrénées et Aquitaine (moins 30 %). Pour 2014, le gouvernement prévoit un tarif moyen de 13 centimes du kilomètre, perçu grâce au repérage des trajets réalisé par les fameux portiques et par l'intermédiaire d'Ecomouve.
Il a aussi été décidé que cette taxe pourrait être répercutée. La puissante Fédération des transports routiers (FNTR), dont le président a été un des directeurs du Groupe Charles André (6 000 salariés), est en effet très tôt montée au créneau pour expliquer que « le véritable enjeu (...) réside dans une répercussion efficace du coût de la taxe dans le prix des prestations de transport ». Et ce syndicat patronal précisait que finalement « grâce au travail de lobbying de la FNTR, (...) le prix du transport est majoré de plein droit ».
Encore faut-il pouvoir imposer cette augmentation au donneur d'ordre. Face à un grand groupe de la distribution, une grande société de transport est en position de force, au moins pour négocier un compromis dans le partage des frais supplémentaires. Un petit transporteur n'aura sûrement pas les mêmes moyens, comme les petits producteurs tributaires du supermarché local pour écouler leur production. Ils n'auront plus qu'à réduire leur marge, c'est-à-dire leur salaire.