Chômage, pouvoir d'achat, retraite, la coupe se remplit : Elle finira par déborder !26/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2343.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Chômage, pouvoir d'achat, retraite, la coupe se remplit : Elle finira par déborder !

Emploi, salaires, retraites, compétitivité, TVA : sur tous ces sujets, il n'y a aucune différence entre la politique menée par Hollande et celle que menait Sarkozy, si ce n'est dans la méthode affichée. À la différence de la droite, qui assumait ses attaques contre les classes populaires, le gouvernement socialiste est plus hypocrite. Comme la réforme du code du travail, la réforme des retraites doit, dit-il, être le fruit du « dialogue social » et de la « concertation ». Quelle mascarade !

Le gouvernement n'a peut-être pas arrêté toutes les modalités de sa future réforme, mais il en a décidé l'essentiel : la durée de cotisation sera augmentée pour tout le monde, jusqu'à 43 ou 44 années. Les confédérations syndicales et le patronat peuvent discuter pendant des semaines et s'empailler sur des détails, le recul est décidé et programmé par le gouvernement. La date du vote à l'Assemblée est même peut-être fixée. Il ne manque plus que l'enrobage.

Parce que le gouvernement réfléchit à des aménagements pour les jeunes, les femmes et les métiers pénibles, il parle de réforme « juste ». Mais ce qu'il donnera d'une main, il le reprendra de l'autre car, en augmentant la durée de cotisation pour tous, c'est bien tous les travailleurs qui reculeront !

Quant à prétendre que cette réforme n'aurait rien à voir avec celle de Sarkozy, car l'âge de départ ne sera pas touché, c'est se moquer du monde. Avec 43 ou 44 annuités de cotisation, il faudrait commencer à travailler à 19 et 18 ans pour toucher une retraite complète à 62 ans. Faut-il rappeler qu'un jeune de moins de 25 ans sur quatre est aujourd'hui au chômage ?

Ce discours sur une réforme « juste » est de la poudre aux yeux. Que le gouvernement parvienne ou pas à entraîner dans son jeu les confédérations syndicales ne rendra pas cette attaque meilleure.

« Nous vivons plus longtemps, nous pouvons travailler plus longtemps », entend-on du matin au soir. Mais avant de forcer les salariés à travailler jusqu'à 65 ou 67 ans, il faudrait embaucher les chômeurs. Et que dire des centaines de milliers de femmes et d'hommes qui ne « peuvent » pas travailler plus longtemps parce qu'ils sont licenciés, malades ou en invalidité bien avant 60 ans ?

« Nous pouvons travailler plus longtemps. » Mais qui parle au nom de ce « nous » ? Des sénateurs ? Des ministres ? Des grands patrons ? Eh bien, il faut croire que ce n'est pas le travail qui les use ! Sur le terrain de l'espérance de vie, « nous » ne sommes pas du tout égaux : entre un cadre et un ouvrier, il y a sept ans d'espérance de vie en moins.

Et ces chiffres ne disent rien de l'état de santé ! Tous les retraités ne se portent pas aussi bien que les seniors montrés dans les publicités, et c'est sans même parler des travailleurs qui ont eu des métiers pénibles, de ceux qui ont travaillé avec des horaires décalés ou de nuit. C'est sans parler de ceux qui ont été empoisonnés au travail, par l'amiante ou d'autres produits toxiques.

Oui, l'espérance de vie augmente, et alors ? Tout au long des 19e et 20e siècles, l'espérance de vie s'est accrue, et c'est allé de pair avec la réduction du temps de travail. Et on voudrait nous faire croire que ce n'est plus possible ! Aujourd'hui, la société part de plus haut, les richesses et les progrès se sont accumulés et continuent à s'accumuler malgré la crise.

Les travailleurs sont bien placés pour savoir que, même en étant moins nombreux sur les lignes de montage, dans les ateliers ou les bureaux, ils produisent plus. C'est le fruit du progrès mais aussi de l'exploitation, du travail plus intense, des cadences plus dures. Les experts économiques font mine d'oublier les gains de productivité, mais les travailleurs les sentent, eux, dans leurs muscles, leur dos et leurs articulations.

Les travailleurs ne sont pas dupes des mensonges du gouvernement et de ces experts qui nous font la leçon du matin au soir. Tous ces gens-là ne sont experts qu'en sacrifices à imposer aux travailleurs ! À force de mentir, ils feront éclater la colère.

Au Brésil, les manifestations monstres montrent que cette colère peut éclater sans prévenir, car les travailleurs ne sont pas prêts à tout supporter. Comme au Brésil, il faut dire « Ça suffit » ! On ne peut plus laisser les dirigeants s'en prendre à ce qui est le plus vital pour la population, alors que l'argent est dilapidé dans une gabegie financière.

Il manquera 20 milliards en 2020 pour les retraites ? Que le gouvernement commence par faire payer aux riches les 60 milliards d'évasion fiscale qu'ils doivent chaque année !

Éditorial des bulletins d'entreprises du 24 juin

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