- Accueil
- Lutte ouvrière n°2343
- Chantiers STX de Saint-Nazaire : Un accord de compétitivité qui ne passe pas.
Dans les entreprises
Chantiers STX de Saint-Nazaire : Un accord de compétitivité qui ne passe pas.
Depuis plusieurs mois, le chantier naval est en bas régime, faute de travail. Plusieurs centaines de sous-traitants et d'intérimaires ont été licenciés et le chômage partiel est utilisé massivement pour les 2 100 travailleurs de STX, certains n'étant pas retournés au travail depuis décembre dernier. Profitant de cette situation, la direction n'a eu de cesse de tester sur ceux qui restent ce qu'elle n'a jamais totalement réussi à faire jusque-là, en accentuant la modulation, la flexibilité et les pertes de rémunération.
Avec une commande de paquebot géant en poche, dont la construction débutera en fin d'année, avec l'accord ANI « compétitivité » et la loi qui a suivi, et tout le matraquage médiatique sur le « coût du travail », le patron, dont l'un des actionnaires est l'État français pour 33 %, s'est senti en situation favorable pour négocier un accord d'entreprise sur ce sujet avec les syndicats.
Depuis plus d'un mois, les discussions sont en cours. La CFDT, la CGC et la CFTC se disent d'emblée prêtes à négocier un tel accord, mais la CGT et FO s'affirment opposées à toute négociation sur la compétitivité aux Chantiers et organisent avec succès pétition et débrayages contre ce projet. Ces débrayages sont très suivis, jusqu'à 450 travailleurs, avec une présence très remarquée d'une centaine d'employés du bureau d'études, et même de quelques agents de maîtrise et cadres. Dans le même temps, une pétition CGT et FO pour refuser en bloc tout projet d'accord a recueilli 810 signatures.
Face à une contestation prenant de l'ampleur, le patron a décidé durant trois semaines de stopper les réunions, afin selon lui de mieux expliquer « les enjeux de l'accord ». Mais, pour les travailleurs qui subissent déjà quotidiennement les tentatives de la direction pour mettre en place plus de flexibilité ou de modulation, les explications ne sont pas nécessaires.
Ces dernières semaines, spécialement dans les secteurs de production, et même indépendamment des appels syndicaux, ils se servent de toutes les occasions à leur portée pour faire comprendre à la direction leur refus de toute dégradation de leurs conditions de vie. Des ouvriers ont par exemple refusé de se rendre à une réunion de travail qui avait pour but de leur expliquer la nécessité de l'accord. Le lendemain, devant l'insistance de la direction à les convoquer de nouveau, ils ont débrayé avec un atelier voisin puis se sont rendus à la réunion. Au final, c'est le membre de la direction présent dans la salle qui a reçu une sévère explication de la part de la centaine de travailleurs présents !
La direction a finalement repris les négociations le mercredi 19 juin, en mettant sur papier un premier projet d'accord. Celui-ci prévoit 20 minutes supplémentaires de travail par jour gratuitement, une modulation de zéro à 48 heures de travail par semaine suivant la charge de production, des attaques sur les primes, la mutuelle...
En en prenant connaissance, de nombreux salariés se sont retrouvés lors d'un nouveau débrayage intersyndical, le plus suivi depuis le début du mouvement. Cela a été l'occasion de vérifier que la mobilisation n'avait pas faibli, malgré la propagande patronale et les pressions. Des secteurs ont spontanément décidé de ne pas reprendre le travail plusieurs jours de suite, de stopper la production, et de discuter des actions à mener pour que la prochaine réunion de négociation se fasse sous pression !
Aujourd'hui, la direction se retrouve face à un sac de noeuds, mais c'est bien la lutte collective des travailleurs, leur détermination et leur nombre qui lui feront se prendre les pieds dedans !