Après l'élection partielle de Villeneuve-sur-Lot : Le piège du Front républicain26/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2343.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Après l'élection partielle de Villeneuve-sur-Lot : Le piège du Front républicain

Le deuxième tour de l'élection législative partielle de Villeneuve-sur-Lot, dans laquelle s'affrontaient, après l'élimination au premier tour du candidat du PS, un candidat du FN et un de l'UMP, a vu la victoire de ce dernier.

Mais ce n'est pas cela qui a créé l'événement. Depuis la présidentielle, ce scrutin est le huitième qui voit le représentant du parti de Sarkozy-Copé-Fillon l'emporter.

Le plus marquant a été la progression du score frontiste entre les deux tours, qui passe de plus de 8 500 voix (26 % des exprimés) à plus de 15 800 (46,24 % des exprimés). Constatons cependant qu'il y a eu pour ce second tour près de 7,5 % de votes blancs et nuls, sans compter plus de 47 % d'absentions.

Le PS a demandé à ses électeurs de faire barrage au FN en les appelant à voter pour l'UMP, au nom d'une règle dont il est, depuis bien longtemps, le promoteur et devant laquelle s'inclinent ses alliés, le PCF mais aussi le Parti de gauche de Mélenchon.

Cette règle dite du Front républicain veut que la gauche rallie la droite pour empêcher l'élection d'un représentant de l'extrême droite. Politiciens et commentateurs s'interrogent aujourd'hui sur l'efficacité et l'utilité de cette pratique. Notons d'ailleurs que la gauche l'applique bien plus souvent vis-à-vis de la droite, qualifiée de républicaine, que cette dernière qui ne s'efface quasiment jamais en faveur de la gauche.

Même si on en reste sur un plan arithmétique, ce Front républicain peut tout au plus empêcher l'extrême droite de franchir les obstacles réglementaires et d'avoir des élus. Mais cela ne bloque pas le développement de l'influence de l'extrême droite, on l'a vérifié cette fois encore.

Le pire n'est pas là. Il est dans le fait que cette pratique aboutit à parer des adversaires du monde ouvrier, la droite en l'occurrence, de vertus nullement méritées. Par exemple, en 2002, Chirac a été présenté comme le bouclier contre Le Pen, ce qui a donné Sarkozy, d'abord comme ministre de l'Intérieur, puis comme président de la République. Le nouvel élu qui vient rejoindre le groupe UMP serait-il le héros qui a terrassé le dragon lepéniste ? Personne, même pas lui, n'ose le prétendre.

Mais, plus lourd de conséquence, cette pratique laisse croire qu'il y aurait une seule et même catégorie d'électeurs qui réunirait les « républicains », en rassemblant les travailleurs (et en excluant d'ailleurs ceux qui n'ont pas le droit de vote) avec leurs exploiteurs, mêlant les petites gens avec les banquiers et les spéculateurs. Ce n'est pas la meilleure façon d'armer politiquement les travailleurs.

Certains électeurs de gauche, nombre de petites gens, ont sans doute choisi de voter FN pour faire entendre leur colère, sans pour autant approuver les idées réactionnaires et antiouvrières de ce parti. « Cela n'engage à rien » et « On ne les a pas encore vus au pouvoir », peut-on entendre en substance. Mais si ! Cela pèse dangereusement sur l'avenir des travailleurs car cela conforte des gens qui pensent, et disent, qu'il faudra mettre au pas entre autres les syndicats et, au-delà, tous les salariés qui revendiquent de meilleurs salaires ou simplement de meilleures conditions de travail.

Quant à croire qu'on ne les aurait pas vus au pouvoir, c'est tout aussi faux. On les a vus en Italie avec Mussolini, en Allemagne avec Hitler, en Espagne avec Franco. Et actuellement on voit cette extrême droite parader en Hongrie, en Grèce. Ce sont les mêmes, même si depuis quelques mois ils prétendent le contraire.

Voir en ces gens-là des sauveurs du peuple, ce serait aider à accéder au pouvoir nos gardes-chiourme, voire nos futurs bourreaux.

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