Qatar : Guerre civile en Syrie et enjeu gazier26/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2343.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Qatar : Guerre civile en Syrie et enjeu gazier

Officiellement, la France et le Qatar se retrouvent dans le même camp pour soutenir l'opposition syrienne à Bachar El-Assad. Le Qatar et l'Arabie saoudite n'ont pas attendu pour fournir des armes à la rébellion, et en particulier à des groupes islamistes. Mais si l'amour de dieu joue son rôle, c'est surtout celui du dieu hydrocarbure.

Même si la presse française n'est pas très loquace sur ce sujet, nous sommes au Proche-Orient et, dans cette région du monde, derrière la plupart des conflits plane généralement l'odeur du pétrole. Il semble que cette fois le gaz soit en cause.

Le Qatar dispose des réserves de gaz naturel les plus importantes de la région, avec celles de l'Iran. Et, depuis quelques années, pour livrer son gaz, il aimerait ne plus passer par le détroit d'Ormuz sous surveillance iranienne. La situation est d'autant plus conflictuelle avec l'Iran que le Qatar a bénéficié des mesures d'embargo qui frappent son rival, et a aussi été accusé de pomper dans les nappes de gaz de son voisin.

En 2009, le Qatar s'était même rapproché de la Syrie dans l'espoir de mettre en place un gazoduc terrestre qui irait du golfe Persique à la Turquie, et au-delà vers l'Europe, via l'Arabie saoudite, la Jordanie et la Syrie. Doha, capital du Qatar, avait même signé en 2010 un pacte de défense avec Damas. Mais, finalement, Assad avait renoncé à ce projet pour favoriser un partenariat avec l'Iran. En 2011, la Syrie et l'Iran ont donc signé des accords qui devaient déboucher en 2014 sur le démarrage d'un gazoduc partant d'Iran pour passer par l'Irak, la Syrie et le Liban, pour aller ensuite alimenter l'Europe.

Ce projet ne fait pas du tout l'affaire du Qatar, d'autant moins qu'il n'est pas exclu que la Syrie, notamment dans la région d'Homs, dispose elle aussi de réserves de gaz importantes. Les États-Unis, Israël, la Turquie et le Qatar voudraient donc mettre sur pied un autre gazoduc pour alimenter l'Europe. Et si un certain nombre de régions syriennes passaient sous le contrôle d'amis du Qatar, en échappant à Assad, ce gazoduc pourrait même y passer...

Côté français, le groupe Total y trouverait son compte, lui qui est présent au Qatar depuis 1936 et y est l'un des principaux opérateurs pour ce qui concerne les hydrocarbures. Ce n'est pas pour rien que le Qatar est également le troisième actionnaire du groupe pétrolier français.

Mais, naturellement, les tentations des dirigeants français de s'engager en Syrie aux côtés des rebelles n'ont pas d'autre motif que l'amour de la liberté ; en tout cas celle des trusts gaziers.

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