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Leur société
Le leurre des emplois non pourvus : Hollande relaie la propagande patronale
Hollande a repris à son compte le cheval de bataille du Medef et de la droite sur les prétendus emplois non pourvus. « Nous avons à regarder une réalité [...]. Il y a à peu près de 200 000 à 300 000 recrutements qui sont entamés, puis abandonnés, parce qu'il n'y a pas de candidats suffisamment qualifiés par rapport aux emplois qui sont proposés », a-t-il déclaré le 20 juin lors de l'ouverture de la Conférence sociale.
Reprenant le chiffre de 1,6 million d'emplois vacants établi par Pôle emploi, les médias s'étendent aussi sur les secteurs d'activité qui, à les entendre, ne demanderaient qu'à embaucher, tels le bâtiment, la restauration, les aides à domicile. On cherche ainsi à culpabiliser les chômeurs qui ne se précipitent pas pour les prendre, sans dire que ce sont des métiers physiquement durs ou ayant des horaires contraignants, mal payés et sans guère de possibilité d'améliorer son salaire avec les années.
D'autres emplois, ceux-là très qualifiés, seraient aussi disponibles dans l'aéronautique. Et, là aussi, les chômeurs n'auraient à s'en prendre qu'à eux-mêmes s'ils ne sont pas prêts à abandonner famille, maison, relations sociales pour aller à l'autre bout du pays occuper le poste correspondant à leur qualification, sans même avoir la certitude d'être embauchés en CDI.
Mais ce que les uns comme les autres omettent de dire, c'est que 90 % des offres correspondent à des emplois saisonniers, ou alors à quelques heures de travail loin du domicile. Sans parler des annonces surréalistes dans lesquelles on demande un « bac+5 avec dix ans d'expérience, payé au smic » ! Mais pour ces employeurs sans vergogne qui refusent de payer un salaire correct, Hollande a la solution : il a aussi déclaré que, « s'il s'agit d'un différentiel de salaire, alors, comblons-le, cela peut être la responsabilité de l'État ». Ainsi, il serait prêt à prendre encore plus sur les deniers publics pour permettre aux patrons d'avoir des travailleurs qualifiés sans mettre la main à la poche.
Hollande se range une fois de plus du côté des patrons, qui voudraient que les salariés soient prêts à accepter n'importe quel emploi, n'importe où et à n'importe quel salaire. Pour eux, les chômeurs doivent fournir un volant de main-d'oeuvre disponible selon leurs besoins et corvéable à merci pour suer des profits. On en a fini avec l'esclavage, mais pas avec les comportements esclavagistes.