Goodyear – Amiens : Face à la menace de fermeture, les travailleurs n'ont pas dit leur dernier mot26/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2343.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Goodyear – Amiens : Face à la menace de fermeture, les travailleurs n'ont pas dit leur dernier mot

Jeudi 20 juin, le tribunal de Nanterre a rejeté la demande de la CGT visant à invalider la procédure de plan social et de fermeture de l'usine Goodyear d'Amiens. À quatre reprises depuis 2008, la justice s'était prononcée en faveur des salariés. Ceux-ci avaient bénéficié d'erreurs de forme de la direction et de la prudence qu'inspiraient leur combattivité et leurs mobilisations ponctuelles mais massives.

Comme à Michelin, la direction de la multinationale du pneu concentre la production dans un nombre toujours plus restreint d'usines. De 2007 à 2012, la production annuelle est passée dans l'usine d'Amiens de cinq à un million de pneus. Dans le même temps, elle augmentait en Europe, bondissant de 60 à 73 millions, preuve que ce n'est pas la baisse des ventes qui justifie les licenciements à Amiens, mais bel et bien la recherche du profit maximum.

Dans un climat où depuis sept ans pèse la menace permanente des licenciements, le syndicat ultramajoritaire, la CGT, a voulu préparer les ouvriers à la mauvaise nouvelle qui s'annonçait. Il a posé deux jours de grève et de débrayage afin de commenter l'annonce de la décision de justice et il a cherché à démontrer que cela ne constituait certainement pas la fin du combat contre la fermeture. Une première réunion rassemblant deux cents ouvriers a eu lieu le 13 juin, suivie d'une autre le 20 juin sur le parking de l'usine en présence de 300 salariés.

Le responsable CGT, Mickaël Wamen, a commencé par affirmer qu'il n'était certainement pas question de partir pour une grève dure ou, ce qu'il mettait sur le même plan, de détériorer l'usine, ce que chercherait selon lui la direction afin de les déconsidérer. Dénigrant les militants CGT de PSA Aulnay et ceux de Continental qui auraient, selon lui, délibérément écarté toute action contre la fermeture pour orienter dès le premier jour les ouvriers vers la revendication de primes de départs, il a répété qu'il resterait sourd aux demandes des quelques centaines d'ouvriers les plus âgés qui souhaitent négocier leur sortie de l'usine.

L'alternative proposée est une lutte judiciaire. L'avocat du syndicat, invité à livrer son plan, s'est présenté aux ouvriers comme leur sauveur « qui jamais ne renoncerait à la bataille » au sein du palais de justice. Il doit envoyer sous peu un courrier au domicile de chacun des salariés, afin qu'ils se prononcent, isolés les uns des autres, sur l'opportunité d'un nouveau recours en justice pour non-respect des décisions de justice antérieures : elles enjoignaient aux patrons de ne pas déplacer la production.

Le deuxième recours présenté par le syndicat fut la députée socialiste locale &ndash ; future candidate aux élections municipales &ndash ; qui propose une enquête parlementaire sur l'opportunité de la fermeture de l'usine. Pour mémoire, les deux précédents socialistes invités à faire des promesses sur le parking de l'usine furent Arnaud Montebourg et François Hollande, qui affirmaient haut et fort lors de la campagne présidentielle qu'ils feraient voter une loi interdisant les licenciements boursiers.

Chacune de ces désillusions a un peu entamé le moral des ouvriers et encouragé les patrons et les juges à précipiter l'offensive pour la fermeture.

Mais plusieurs centaines d'ouvriers continuent à avoir à coeur de se rassembler régulièrement et de montrer leur détermination. Ils représentent une force d'entraînement pour tous les ouvriers de l'usine Goodyear, mais aussi de l'usine voisine Dunlop-Goodyear et, au-delà, pour tous les 11 000 ouvriers de la zone industrielle d'Amiens. La direction pourrait bien se mordre les doigts d'avoir voulu précipiter la décision de fermeture.

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