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Hollande et les patrons au Qatar : Notre ami le dictateur
Vu de très, très loin, le Qatar peut passer pour une sorte de simili-démocratie. Après tout, contrairement à sa voisine l'Arabie saoudite, les femmes y ont le droit de s'habiller comme elles veulent et de conduire leurs voitures. Et une célèbre chaîne de télévision, Al Djazeera, semble avoir le droit de parler de tout.
À y regarder de plus près, il en va tout autrement. Dans cette monarchie héréditaire et absolutiste, l'émir gouverne sans partage, nommant et congédiant à sa guise ses ministres. C'est l'émir qui fixe lui-même le montant des rémunérations de l'émir. Aucun parti politique, aucun syndicat n'est toléré.
Près de deux millions d'habitants vivent au Qatar. 20 % d'entre eux sont des Qataris, en général très aisés. 80 % sont des étrangers, Indiens, Pakistanais, Iraniens, Palestiniens, etc., très peu payés (de l'ordre de 1 000 euros par mois) et parqués dans des campements à l'écart des villes et... des Qataris. Ils ne disposent strictement d'aucun droit et le plus souvent leurs employeurs confisquent leurs passeports, tant qu'ils sont dans le pays, afin de les avoir totalement à leur merci.
Le poète qatari Al Dhib, qui, dans le cadre d'une joute poétique habituelle dans ce pays, a osé demander qu'il se produise un « printemps arabe » au Qatar, a été condamné à la prison à perpétuité pour cette audace. Peine commuée par l'émir, dans son infinie mansuétude, en « seulement » quinze années de prison.
Voilà le pays qu'ont visité sans état d'âme le président socialiste de la République française et sa brochette de patrons. Avec les retombées de pétrodollars en provenance du Qatar, qui arrosent tant le patronat que le PSG, comment pourraient-ils entrevoir la dictature ?