Mexique : Esclavage pas mort26/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2343.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mexique : Esclavage pas mort

Mardi 11 juin, la police mexicaine a libéré 275 travailleurs (dont 39 mineurs) retenus en semi-esclavage sur une plantation de tomates bio de l'État de Jalisco, à l'ouest de Mexico. Quelques jours avant, trois de leurs camarades avaient réussi à s'échapper, à rejoindre Guadalajara, la capitale de l'État, et à convaincre les juges et les inspecteurs du travail. Six responsables ou contremaîtres qui tentaient de s'enfuir ont été arrêtés.

Les autorités ont trouvé des travailleurs peu et mal nourris, logés dans des cahutes infestées de vermine, travaillant douze heures par jour pour un salaire parfois nul. L'entreprise qui les exploitait, Bioparques de Occidente, les recrutait dans des États ruraux (Hidalgo, Veracruz, Chiapas, Michoacan) au moyen d'annonces radio. Une fois sur place, le salaire promis diminuait de moitié et était payé en bons, valables seulement dans le magasin de l'entreprise, à des prix prohibitifs, au point que souvent il ne leur restait plus rien. Ceux qui voulaient partir étaient battus et retenus de force.

Avec l'intervention de la police, ces travailleurs ont obtenu le règlement de leurs salaires et le rapatriement dans leur village d'origine. Mais, pour 275 paysans libérés, il en reste dans le Mexique et dans toute l'Amérique latine des centaines de milliers, sinon des millions, réduits à l'état d'esclaves, mal payés ou pas payés du tout, grugés par les magasins d'entreprise, logés et nourris de façon indigne. Et parmi eux il y a de nombreux enfants et adolescents.

Ces conditions de vie et de travail sont souvent imposées au profit d'entreprises travaillant pour l'exportation vers les pays riches, quand elles n'appartiennent pas directement à des groupes américains ou européens. Bioparques de Occidente fait toute sa publicité sur Internet, en direction des entreprises et des consommateurs des pays riches, amateurs de produits bio.

Le comble est que cette entreprise se présente comme « libre de travail infantile » et « socialement responsable ». Elle a même obtenu en 2011 le label du Centre mexicain pour la philanthropie. Voici comment le journal régional El Sur de Jalisco la présentait en juillet 2010 : « Bioparques de Occidente est une entreprise socialement responsable qui s'est distinguée par la qualité de l'attention qu'elle consacre au personnel arrivant d'autres États du pays, en quête de travail ; en plus de leur verser un salaire honorable, nombreuses sont les actions menées à leur bénéfice, comme d'offrir des installations dignes pour leur séjour et que leurs enfants aient la possibilité de recevoir de l'éducation, ce qui le moment venu leur ouvrira davantage de portes. » À l'exploitation et à l'oppression, cette entreprise ajoute violence et mensonges.

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