Le géant autrichien de la construction Alpine Bau, deuxième plus grosse entreprise du secteur et filiale du groupe espagnol FCC, a annoncé brutalement mercredi 19 juin sa mise en faillite. Aussitôt, en Autriche mais aussi en Europe où Alpine gère des gros projets de construction, les chantiers ont été mis à l'arrêt : les sous-traitants, les fournisseurs inquiets de ne pas être payés ont stoppé net leurs livraisons.

Pour les 15 000 salariés de l'Alpine comme pour les 7 500 salariés des sociétés sous-traitantes, c'est l'attente et l'angoisse du lendemain : même si certaines parties réputées saines de l'entreprise seront probablement rachetées par ses plus proches concurrents, des milliers de travailleurs resteront sur le carreau, le marché de la construction se resserrant dramatiquement en Europe. Les 2,5 milliards d'euros de dettes accumulées par Alpine viennent pour l'essentiel de chantiers non payés en Pologne, Allemagne, Roumanie et Grèce.

Ce n'est pourtant pas vers les travailleurs qui seront peut-être bientôt au chômage que s'est manifestée la sollicitude des ministres en exercice de la coalition au pouvoir. Aussitôt, ces politiciens de droite comme de gauche, en campagne pour les élections législatives de septembre prochain, se sont lancés dans une surenchère de soutiens financiers aux industriels du secteur de la construction : 100 millions d'euros promet la droite, un demi-milliard a surenchéri la gauche.

L'État autrichien, qui déjà était garant d'une partie des crédits d'Alpine Bau, va mettre la main au portefeuille pour garantir aux banquiers créditeurs de retrouver leurs fonds. Il n'y a que l'emploi des travailleurs qui n'est pas garanti.