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- Lutte ouvrière n°2342
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Dans les entreprises
Legrand – Limoges : Les bonnes affaires du baron et de quelques autres...
C'est en 2002 que De Wendel et KKR (un fonds américain) sont devenus actionnaires majoritaires de la société d'appareillage électrique. Legrand, qui n'était plus coté, a été réintroduit en Bourse en 2006 puis est entré au CAC 40 en 2011. À partir de 2009, KKR et De Wendel ont commencé à revendre leurs actions. Entre 2006 et 2013, l'action Legrand ayant fait un bond de 88 %, on peut imaginer les plus-values réalisées à chaque cession.
Depuis 2009, les dividendes versés aux actionnaires sont chaque année en augmentation. Le chiffre d'affaires réalisé en 2012 a été de 4,5 milliards d'euros. Il est également prometteur pour 2013, puisque son montant au premier trimestre est d'ores et déjà supérieur à celui du premier trimestre 2012 et que le taux de rentabilité se maintient à 20 %.
Legrand, qui emploie 6 500 travailleurs en France (majoritairement en Limousin et en Normandie) et 35 000 au total, s'est implanté dans 70 pays et commercialise ses produits dans 180 pays. Le groupe ne cesse de racheter des sociétés aux quatre coins du monde et en particulier aux USA.
Tous les gouvernements, quelle que soit leur couleur, sont aux petits soins pour Legrand, Sarkozy était venu visiter les unités ultra-modernes de la Technopole. Bartolone, le président de l'Assemblée nationale, s'est précipité au siège social lors de sa venue et a rendu un hommage appuyé aux dirigeants, les félicitant pour leur succès dans l'innovation et la recherche et développement... secteurs qui drainent pour le groupe un maximum de subventions.
En Limousin, depuis le début des années 2000, ce sont 2000 emplois qui ont disparu avec la fermeture de quatre usines à Limoges (Isocéram, Sablard et deux sur la zone de Magré), auxquelles se sont ajoutées les usines de Saint-Yrieix, Rochechouard, Saint-Junien en Haute-Vienne et de Lubersac en Corrèze.
Legrand n'a jamais procédé à aucun PSE, mais ne cesse de diminuer les effectifs à coup de ruptures conventionnelles, de non-remplacement des départs en retraite, de démissions forcées. Depuis plusieurs mois, la direction limousine embauche exclusivement des intérimaires en fonction des nécessités de la production. On voit même arriver en intérim d'anciens travailleurs, partis il y a quelques années en départ anticipé au fur et à mesure des fermetures d'unités, mais que la dernière réforme des retraites oblige aujourd'hui à revenir au travail.
Voilà comment, en quelques années, des financiers comme De Wendel peuvent engranger des fortunes, simplement en achetant et revendant des paquets d'actions au bon moment, pendant que dans les ateliers les conditions de travail se dégradent, que la précarité explose, que les salaires stagnent.