La retraite n'est pas un cadeau, c'est un droit qu'il faut défendre19/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2342.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

La retraite n'est pas un cadeau, c'est un droit qu'il faut défendre

Hollande annonce une réforme sur les retraites soucieuse « de justice et d'égalité », mais il va pousser les anciens à se tuer au travail. Il va forcer les salariés à travailler jusqu'à 65, 66, 67 ans et plus, alors que leurs enfants, voire leurs petits-enfants, sont condamnés au chômage. Et il va faire exploser le nombre de retraités pauvres.

En augmentant le nombre d'annuités à 43 ou 44, des millions de travailleurs ne parviendront jamais à cotiser pour une retraite pleine. Les ouvriers qui sont abîmés sur les chaînes de montage, tous ceux astreints au travail en équipe ou de nuit, les femmes qui élèvent leurs enfants, n'auront jamais de pension complète. Les travailleurs licenciés, les ouvriers des abattoirs Doux, ceux de Michelin de Joué-lès-Tours, de PSA ou de Goodyear qui vont se retrouver à Pôle emploi, ne pourront jamais cotiser tous leurs trimestres. Et le gouvernement ose parler de justice !

Quant à ceux qui ont une retraite correcte, ils verront leur pouvoir d'achat entamé, soit parce qu'ils seront plus taxés, soit parce que leur pension sera désindexée, si ce n'est pas les deux à la fois. Lorsque l'on se retrouve à la retraite, on subit déjà une chute de son pouvoir d'achat, et il faudrait se résigner à vivre encore plus mal ? Mais la retraite n'est pas un cadeau, c'est un dû, bien mérité après toute une vie de travail et de cotisations.

Cela fait vingt ans que l'on nous chante le même refrain : « il y a un trou dans la caisse de retraite », « il faut travailler plus longtemps pour sauver les retraites ». Vingt ans que, de réforme en réforme, l'âge de départ est reculé, le nombre d'années de cotisation augmenté et le mode de calcul révisé à la baisse. Et cela fait vingt ans que les pensions diminuent. Non, les retraites ne sont pas sauvées par ces réformes, elles sont démolies, petit à petit !

Il y a trente ans, en 1981, les salariés avaient droit à la retraite à 60 ans avec 37,5 annuités de cotisation. Aujourd'hui, c'est 62 ans avec 41,5 annuités de cotisation. Il y a trente ans, on se disait encore que la vie s'améliorerait et que l'on vivrait mieux que les générations passées. Aujourd'hui, on nous dit que ce n'est plus possible et qu'il faut accepter de reculer.

Mais la fraction la plus riche de la société continue, elle, d'accumuler et de prospérer. On a désormais des PDG payés à coups de millions, des actionnaires rémunérés à coups de centaines de millions. La société est plus riche qu'elle ne l'a jamais été, tellement riche même que l'argent dégouline à un pôle de la société et alimente à une échelle inédite la spéculation et les paradis fiscaux. Et il faudrait croire qu'il n'y a plus de quoi embaucher, plus de quoi augmenter les salaires, plus de quoi payer les retraites ?

L'argent pour payer les retraites existe. Le gouvernement s'inquiète d'un déficit de la caisse de retraite de 20 milliards prévu en 2020. Mais 20 milliards, c'est le montant du cadeau que le gouvernement octroie au grand patronat avec le crédit impôt compétitivité, chaque année ! Ce n'est donc pas l'argent qui manque.

Les travailleurs ont des droits sur ces milliards, parce que ce sont eux qui les produisent au quotidien. Il faut demander des comptes à tous ces parasites qui prospèrent sur le dos des exploités et qui font reculer toute la société.

Les travailleurs ont aussi toutes les raisons de manifester leur révolte contre ce gouvernement qui se prétend socialiste. Toutes les raisons de manifester leur colère vis-à-vis de ces politiciens qui avaient défilé en 2010 contre la réforme des retraites de Sarkozy, et qui veulent l'aggraver.

La conférence sociale qui s'ouvre jeudi 20 juin est censée donner le coup d'envoi d'une concertation sur les retraites. Mais les dirigeants syndicaux ne sont invités que pour le décor. Ils sont réunis pour faire passer pour un accord négocié ce qui est un diktat du grand patronat et des milieux financiers.

C'est en se prévalant du dialogue social que le gouvernement a imposé la loi sur la flexibilité. Mais, avec cette loi, le gouvernement a fait reculer les droits des travailleurs plus que la droite n'avait réussi à le faire en dix ans. Alors méfions-nous : l'avenir des retraites ne dépend pas des discussions au sommet entre le patronat et les confédérations syndicales, mais du rapport de force que les travailleurs imposeront en se mobilisant.

Le gouvernement montre depuis plus d'un an qu'il est vendu corps et âme à la bourgeoisie. Quelles que soient les modalités qu'il retiendra, qu'il enrobe le tout dans un discours mensonger sur la justice et la concertation, ce sera de toute façon une attaque de plus contre les travailleurs, un racket de plus sur les retraites, qu'il ne faut pas laisser passer.

Éditorial des bulletins d'entreprises du 17 juin

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