Relocalisation : Encore des subventions au patronat19/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2342.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Relocalisation : Encore des subventions au patronat

Prétendant vouloir créer des emplois par la « réindustrialisation » du pays, Montebourg vient d'annoncer fièrement la création pour juillet prochain d'un site Internet baptisé Colbert 2.0, destiné à encourager les relocalisations de PME en France.

Le nom du site évoque bien sûr celui du ministre de Louis XIV, Colbert, qui en son temps avait conduit une politique interventionniste de l'État pour développer le commerce et l'industrie, à l'époque où la bourgeoisie accélérait son expansion.

Mais aujourd'hui, même en se prévalant de Colbert, prétendre lutter contre le chômage par la relocalisation de PME, tout en laissant des grands groupes fermer des usines et licencier en masse, c'est jeter de la poudre aux yeux.

Si les mots de Montebourg sont creux quand il s'agit de s'en prendre au chômage, ils se chargent d'une certaine consistance quand il s'agit d'« apporter une aide concrète aux entreprises qui souhaitent relocaliser et qui ont relocalisé ». Le site de Montebourg permettra ainsi aux entreprises d'effectuer un auto-diagnostic et de mesurer leur « potentiel de relocalisation ». Un montant de 50 millions d'euros sera affecté aux relocalisations, ainsi que des aides à la réindustrialisation qui représentent 160 autres millions. Dans chaque région, les PME trouveront un interlocuteur chargé de leur « simplifier et débroussailler tous les problèmes administratifs ».

La seule perspective claire de ce projet est de permettre à certaines entreprises de toucher des subventions de l'État. Le ministre reconnaît lui-même que les relocalisations ne concernent jusqu'à présent que quelques centaines d'entreprises, et il se garde bien d'évoquer un chiffre concernant le nombre d'emplois qu'une telle opération pourrait créer. En attendant, des sociétés comme Rossignol, Meccano, Eminence, Kindy, etc., qui ne sont pas précisément des PME au bord de la faillite, vont recevoir un joli cadeau de la part du gouvernement.

Et toute cette opération se fait au nom de la mise en valeur du « made in France », dans la lignée des campagnes précédentes de Montebourg. Si le gouvernement voulait vraiment lutter contre la désindustrialisation et le chômage, il commencerait par empêcher les licencieurs de licencier, en toutes circonstances, plutôt que de les gaver de subventions.

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