Airbus – Toulouse : L'A350 a décollé, pas les salaires ni les emplois19/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2342.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Airbus – Toulouse : L'A350 a décollé, pas les salaires ni les emplois

Vendredi 14 juin, pour permettre d'assister au 1er décollage de l'A350, la direction a fait installer des écrans géants un peu partout et en particulier à l'usine Saint-Éloi. Dès 9 h, à l'usine Saint-Martin ou à Clément-Ader, les salariés ont pu quitter le boulot et se masser le long de la piste. À 10 h, l'avion a décollé. Vers 14 h, il a atterri et, près des pistes ou devant les écrans, il a été possible d'assister à l'atterrissage. La direction avait prévu des tables avec petits fours et boissons pour une réception à 17 h.

Si certains ont pu éprouver un sentiment de fierté et être émus, pour tous, cette journée a été une journée plutôt cool, ce qui n'est pas le cas des autres jours. En effet, derrière ce décollage réussi, combien y a-t-il d'heures supplémentaires, d'horaires à la limite du code du travail, de stress ? Et combien d'amertume, de colère rentrée ? Parce que, si l'usine marche à fond, question salaires, l'augmentation générale n'a été que 1,5 %, moins que l'an dernier ! Et question primes d'intéressement et de participation, moins que l'an dernier également ! Par contre les actionnaires d'EADS, propriétaire à 100 % d'Airbus, se sont voté presque un demi-milliard d'euros de dividendes.

Eh oui, un plus grand nombre d'avions est fabriqué mais avec moins de travailleurs et qui gagnent moins. Ainsi en 2006, avant Power8, le plan de suppression de 10 000 emplois, l'usine comptait aux alentours de 12 200 salariés. 434 avions avaient été livrés, la prime d'intéressement avait été de 1970 euros brut. L'an dernier, 588 avions ont été livrés, la prime d'intéressement correspondante est de 1 483 euros brut et les effectifs sont d'environ 13 000. Moins d'un millier de travailleurs en supplément pour 154 avions de plus.

Quant aux conditions de travail, si la chaîne d'assemblage A350 n'en est qu'à ses débuts, déjà des équipes ont été diminuées. Et ce qui est certain, par exemple, c'est que l'usinage du composite engendre de fines particules qui se fixent sur les alvéoles pulmonaires et peuvent causer les mêmes dégâts que l'amiante. À l'usine, la direction nous octroie des protections mais le personnel de l'entreprise qui collecte les bleus de travail afin de les nettoyer, lui, n'en avait aucune. Les CHSCT ont dû intervenir. C'est dire !

Cet avion est peut-être une prouesse technologique, en tout cas, les travailleurs ne pourront compter que sur eux-mêmes pour obliger les dirigeants à faire des prouesses en matière de conditions de travail, d'embauches et de salaires.

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