Élection législative de Villeneuve-sur-Lot : Le PS paie aussi sa politique antiouvrière19/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2342.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Élection législative de Villeneuve-sur-Lot : Le PS paie aussi sa politique antiouvrière

Le premier tour de l'élection législative partielle à Villeneuve-sur-Lot, la circonscription dont Jérome Cahuzac était le député, s'est traduit par une défaite cinglante pour le Parti socialiste. Son candidat n'est même pas qualifié pour le second tour. Il n'est arrivé qu'en troisième position avec 23,69 % des suffrages exprimés, derrière les candidats de l'UMP (28,7 %) et du Front national (26 %).

Mais l'autre fait significatif de cette élection est la progression du Front national, qui a augmenté son score de plus de dix points par rapport à ses résultats de juin 2012, l'UMP ne gagnant pour sa part que deux points. L'abstention a été massive, atteignant 54,1 % des inscrits, ce qui est certes une constante dans les élections partielles, mais peut aussi s'expliquer par la désertion d'une partie de l'électorat socialiste, qui a voulu ainsi exprimer son écoeurement.

Dès le soir de ce scrutin, les dirigeants du Parti socialiste ont choisi de présenter cette défaite comme anecdotique, liée avant tout au scandale Cahuzac. Ils ont aussi attaqué leurs alliés au gouvernement d'Europe écologie-les Verts, coupables à leurs yeux d'avoir présenté une candidature indépendante, et s'en sont même pris au Front de gauche qui lui, pourtant, n'a pas de ministres. Autant de faux-fuyants qui rappellent inévitablement les élections présidentielles d'avril 2002, où le Parti socialiste avait tenté de justifier l'élimination de Lionel Jospin par Chirac et Le Pen en dénonçant la multiplication des candidatures à gauche, comme si cette défaite n'était pas due avant tout à la politique menée par le PS au gouvernement.

À Villeneuve-sur-Lot, l'écoeurement vis-à-vis de l'ex-ministre socialiste du Budget, qui se faisait le paladin de la lutte contre l'évasion fiscale pendant qu'il gardait son magot à l'abri en Suisse, et qui mentait pour le cacher, a bien sûr dû jouer pour beaucoup. Mais, au-delà de l'affaire Cahuzac, c'est leur dégoût face à toute la politique menée par François Hollande, en matière d'emploi, de salaires ou de retraites, qu'ont sans doute voulu exprimer bien des électeurs de cette circonscription frappée par le chômage.

Le fait que ce désaveu ait avant tout profité au Front national est bien sûr inquiétant. Marine Le Pen se présente comme une alternative aux deux partis qui alternent au pouvoir, UMP et PS. Mais, s'il est un jour associé au pouvoir, le Front national mènera la politique la plus hostile au monde du travail, la plus répressive, non seulement contre la fraction immigrée de la classe ouvrière, mais contre l'ensemble des travailleurs et leurs organisations. Toute la politique du PS aboutit à ce résultat lourd de menaces.

Pour en rajouter encore dans le pitoyable spectacle qu'il donnait, le Parti socialiste a appelé dès le soir du scrutin à voter au second tour pour le candidat UMP, prétendant ainsi faire barrage au FN par le soi-disant « front républicain ». Comme si le fait de soutenir une droite qui, elle-même, court en vain derrière le FN, pouvait en quoi que ce soit inverser la tendance ! Comme si apporter ses voix à une droite qui a manifesté pendant des semaines aux côtés du FN dans les rassemblements contre le « mariage pour tous » pouvait représenter une quelconque perspective pour l'électorat populaire.

Le PS au gouvernement mène une politique similaire à celle de la droite. Ce faisant, il renforce la droite, et même sa partie la plus extrême.

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