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Leur société
Élections : Drôle de démocratie
On nous présente l'élection présidentielle comme le summum de la démocratie puisque, dit-on, tous les Français, ceux du moins qui sont inscrits sur les listes électorales, ont la possibilité de choisir le futur élu. Tous les Français, peut- être, mais en tout cas pas tous les travailleurs.
Ceux qui n'ont pas la nationalité française en sont exclus, et ils constituent une partie notable de la classe ouvrière en France.
Mais, au-delà de cet aspect, cette démocratie qu'on nous dit universelle est quelque peu biaisée. Tout d'abord du fait que les grands moyens d'information, la télévision, les radios, la presse écrite sont entre les mains des puissances d'argent, et pas des moindres, comme Dassault, Lagardère, Bouygues. Ou bien ils sont sous la tutelle directe de l'État, c'est-à-dire du parti au pouvoir. La façon dont a été traitée par ces grands médias l'actuelle campagne présidentielle en est une toute fraîche illustration.
Mais la mystification ne s'arrête pas là. Elle se manifeste aussi par le fait que ce scrutin permet d'élire un représentant et un seul, qui peut décider de tout, pendant cinq ans. Cela signifie que les électeurs, qu'ils aient voté ou non pour celui qui a été élu, n'auront plus voix au chapitre jusqu'à l'élection suivante. Ainsi on a élu Sarkozy qui, durant tout le quinquennat, s'est targué de la légitimité du suffrage universel pour décider de tout en faveur des riches, qui a rétorqué à ceux qui le contestaient qu'il disposait de la légitimité, puisque le peuple l'avait choisi.
C'est d'ailleurs la même chose pour les élections législatives puisque, pour chaque circonscription, il n'y a qu'un seul élu. Ainsi, quand le président ou les députés se disent les représentants de la nation, c'est un raccourci osé, pour ne pas dire un mensonge. Ils ne sont au mieux que les élus de la majorité, de ceux qui ont voté pour eux ; et souvent les élus d'une minorité, si on prend en compte ceux qui ont refusé de voter, les abstentionnistes qui ne sont pas tous des électeurs indifférents.
La duperie fonctionne aussi à un autre niveau. Car si on donne aux électeurs le droit très encadré de choisir parmi ceux qui se présentent à leurs suffrages, on ne laisse aucun moyen de récuser cet élu. Il a les mains libres pour « oublier » ses promesses. C'est d'ailleurs ce qu'ont fait les présidents qui se sont succédé, sans exception. De Mitterrand à Sarkozy en passant par Chirac, tous ont trahi leurs engagements. Lorsqu'on nous dit que nous choisissons une politique c'est un bobard, s'il ne s'accompagne pas de la possibilité de révoquer ceux qui manquent à leurs engagements.
La démocratie n'a de sens qu'à condition de disposer des moyens de contrôler ceux à qui on a délégué la défense de ses intérêts. Et ce contrôle suppose impérativement le droit de récuser ceux qui ont failli à leurs engagements.