L'imprimerie Decoster à Sequedin, en banlieue de Lille, spécialisée dans la publicité pour la grande distribution et la vente par correspondance, vient d'être placée en liquidation judiciaire. Après des mois d'incertitude sur leur sort, les 79 salariés de la production sont purement et simplement licenciés.

Cette entreprise comptait encore 300 salariés il y a un an et demi. Au fil des mois, la situation s'est dégradée : départs non remplacés, premier plan de licenciement de neuf personnes en 2009, puis un second en 2010, rachat d'une société du groupe par H2D, un autre imprimeur.

Malgré les assurances du patron que tout allait très bien (air connu), les élus au Comité d'entreprise ont multiplié les démarches : droit d'alerte entravé par la direction, dépôt de plainte au tribunal de grande instance qui se conclut par une condamnation de l'employeur, découverte que les charges sociales n'étaient pas payées.

Finalement, le commissaire aux comptes a décidé le redressement judiciaire, pour faire miroiter un repreneur qui ne sera jamais au rendez-vous. En tout cas, ce que les travailleurs de l'entreprise ont finalement compris, c'est que le patron leur a menti à maintes reprises et qu'il s'est servi de sa société, une petite nébuleuse aux filiales spécialisées dans l'imprimerie, le mailing ou même l'immobilier, pour siphonner les actifs de celle qui produisait.

Ils manifestent depuis une quinzaine de jours, bloquent les portes pour garder les machines et le stock qui restent, et viennent de retenir leur patron une journée dans ses bureaux pour le faire plier. Ils n'acceptent pas d'être jetés à la rue en se contentant d'indemnités légales et réclament beaucoup plus. Ils savent que Decoster possède bien d'autres sociétés et qu'il peut payer, et ils n'ont pas envie de lâcher le morceau.