Spéculation et dette des États : Empêcher les banquiers de nuire19/04/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/04/une-2281.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Leur société

Spéculation et dette des États : Empêcher les banquiers de nuire

De même que la Française des jeux invente sans cesse de nouvelles façons de gratter, les institutions financières imaginent tous les jours de nouveaux instruments de spéculation. Ainsi Eurex, la Bourse de Francfort, propose depuis lundi 16 avril de parier sur les variations de la dette publique française. Le sang patriotique des candidats à Élysée, de Mélenchon à Le Pen, n'a fait qu'un tour.

L'émotion est évidemment tout électorale, car de tels instruments existent déjà, et les spéculateurs sont au premier chef la BNP, le Crédit agricole et les autres du même tonneau bien français. La spéculation sur la dette des États dure depuis aussi longtemps que la dette publique et a fait la fortune de la bourgeoisie nationale depuis qu'elle existe. La dernière période n'a vu que son accroissement démesuré par la magie de l'informatique et de l'abolition des règlements en vigueur depuis la crise précédente. La surabondance de capitaux retirés de la production pour être jetés dans la spéculation a fait le reste.

Pourtant, de Mélenchon promettant d'interdire le contrat Eurex et tous ceux du même type, à Hollande s'engageant à demander au gouvernement allemand de le faire annuler, les autres leur emboîtant le pas, tous ont promis que les marchés ne feront pas la loi... pour peu que les électeurs votent bien. Sauf que la loi du marché ne dépend pas d'une élection et que, quel que soit le résultat du vote, la dette publique restera. Et resteront aussi la puissance de la bourgeoisie qui veut se faire payer, le droit de propriété qui prime sur tous les autres, l'État pour le faire respecter et la caste politique formée à faire accepter tout cela aux travailleurs, de gré quand c'est possible, de force si c'est nécessaire. Tous ces politiciens qui font mine de s'insurger contre le contrat Eurex s'engagent par avance à honorer cette dette, donc à faire payer aux travailleurs une dette créée et creusée pour les capitalistes.

La comédie sur le dernier petit tentacule poussé à la pieuvre financière ne peut faire oublier que depuis quarante ans tous les gouvernements ont favorisé sa croissance. Tous les gouvernements, y compris ceux des socialistes, qui jouent aujourd'hui les effarouchés, même lorsqu'ils bénéficiaient du soutien ou de la participation de Mélenchon et du PCF, qui posent maintenant aux outragés, ont adopté des mesures facilitant la spéculation. Un contrat du type de celui proposé aujourd'hui par Eurex a déjà existé, créé à la Bourse de Paris sous un gouvernement socialiste. Et ce n'est qu'un exemple.

Sarkozy, qui prétendait aussi il y a trois ans vouloir moraliser le capitalisme, a affirmé ouvertement que la meilleure façon de ne pas être étranglé par les banques, c'est d'étrangler soi-même et par avance les travailleurs afin de pouvoir payer ce qu'elles demandent. Cette spirale n'a pas de fin, comme le montre l'exemple de la Grèce dont la dette augmente en même temps que les sacrifices imposés à la population.

La dette publique sert tout simplement à dépouiller les classes populaires au profit du capital financier. C'est lui qu'il faut exproprier.

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