Euro de football : Carton rouge d'avant match19/04/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/04/une-2281.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans le monde

Euro de football : Carton rouge d'avant match

Le 8 juin prochain, l'Euro 2012 de football débutera en Pologne et en Ukraine. Dans ce dernier pays, on sait depuis des mois que les infrastructures d'accueil (stades) et de déplacement (transports en commun) qui sont promises risquent de ne pas être prêtes à temps. Surtout, leur construction a d'ores et déjà donné lieu à d'énormes scandales de détournements de fonds à tous les niveaux de l'État.

Jusqu'alors les organisateurs, donc l'Union européenne des associations de football (UEFA), avaient préféré ne pas piper mot. Alors, quelle mouche a piqué Platini, président de l'UEFA, pour qu'il dénonce le 12 avril, en Ukraine même, les prix de « bandits » que pratiquent des « escrocs » dans l'hôtellerie chargée d'héberger les supporters, les équipes de télé couvrant les matchs, etc. ?

En fait, avec l'arrivée prévue d'un million de visiteurs, donc de consommateurs, certains ont flairé la très bonne aubaine dans les grandes villes ukrainiennes -- Kiev, Kharkov, Donetsk -- où se dérouleront certains matchs. Les agences de voyages occidentales, dont le géant allemand TUI et ses filiales françaises et autres, avaient retenu la plupart des chambres d'hôtel disponibles à un prix qu'elles croyaient ferme et définitif. Mais elles ont eu la mauvaise surprise de voir les directions des hôtels concernés annuler systématiquement ces réservations, en n'acceptant de les honorer qu'à un prix fortement révisé.

En quelques mois, les tarifs hôteliers ont ainsi quintuplé, voire décuplé, au point de dépasser de loin, pour une nuit, le salaire moyen (450 euros) mensuel du pays, et même ce qui se pratique, avec de tout autres prestations, en Europe de l'Ouest.

D'où la fureur des agences de voyages occidentales, des clubs et fédérations de foot, des sociétés de billetterie et compagnies aériennes ouest-européennes, sans oublier les sponsors et autres annonceurs publicitaires ainsi que l'UEFA. Ils voient un événement sportif et commercial, qui s'annonçait comme devant leur rapporter gros, compromis par des trouble-fête qui ne jouent pas selon les règles admises habituellement dans le monde des affaires.

Après le coup de gueule de Platini, le gouvernement ukrainien, en pleines négociations d'association renforcée avec l'Union européenne et qui peine déjà à se faire admettre comme fréquentable et responsable, va sans doute demander au secteur hôtelier de calmer ses appétits. Rien ne dit qu'il y parvienne.

Car ce ne sont pas de petits propriétaires, voire des groupes hôteliers comme on en connaît un peu partout ailleurs, qui sont à l'origine de cette flambée des prix. L'hôtellerie, comme tout ce qui peut rapporter dans cette ex-république soviétique, se trouve sous le contrôle étroit de membres de clans de l'appareil d'État. Autant dire que l'UEFA demande en quelque sorte aux équipes de bureaucrates-affairistes-mafieux qui dirigent ce pays de jouer contre elles-mêmes. Un match que les organisateurs de l'Euro 2012 n'avaient pas vraiment programmé.

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