Fonderie du Poitou Aluminium -- Ingrandes (Vienne) : Sarkozy en visite Le cinéma n'est plus ce qu'il était19/04/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/04/une-2281.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans les entreprises

Fonderie du Poitou Aluminium -- Ingrandes (Vienne) : Sarkozy en visite Le cinéma n'est plus ce qu'il était

Lundi 16 avril, le candidat-président Sarkozy, en campagne dans la Vienne, en a profité pour tenter un coup médiatique en venant à la Fonderie du Poitou Alu (FDPA).

Propriété du groupe Montupet, après avoir été cédée par Renault à la fin des années 1990, puis être passée dans les mains de plusieurs patrons et fonds d'investissement, la fonderie a connu une grève de huit semaines à l'automne dernier contre un plan de compétitivité qui prévoyait de baisser les salaires de 25 %. Les fondeurs ont imposé le retrait du plan patronal, mais Montupet s'est alors déclaré en cessation de paiement. Depuis, FDPA vit sous le régime du redressement judiciaire. Divers repreneurs potentiels se sont manifestés mais, à l'approche de la date butoir fixée au jeudi 19 avril par le tribunal de commerce de Nanterre, un seul restait semble-t-il sur les rangs, le groupe de fonderie Saint Jean Industries, basé dans la région lyonnaise.

Sollicitée par les services de la présidence de la République, la direction de transition de la fonderie s'est montrée dévouée : les horaires des différentes équipes de jour et de nuit ont été modifiés de sorte que nul n'échappe à Sarkozy, un atelier a été réservé à sa prise de parole. La politique, on le sait, n'est interdite qu'aux travailleurs dans l'enceinte des entreprises !

Sarkozy avait fait sa part, embarquant dans l'aventure Raffarin, Besson, et Rachida Dati, flanqués de ce qu'il faut de journalistes. Restait juste à trouver quoi dire aux travailleurs de la fonderie, qui n'ont évidemment pas oublié avec quelle rapidité le Sarkozy de 2008 s'était assis sur ses grandiloquentes promesses faites aux sidérurgistes de Gandrange.

Sans beaucoup d'illusions, les travailleurs se disaient que Sarkozy n'oserait tout de même pas venir faire tout ce cirque s'il n'avait pas quelque annonce nouvelle dans la manche. C'était sous-estimer l'illusionniste, qui n'hésita pas à clamer que la fonderie était sauvée, en apportant pour toute information ce que tout le monde savait déjà : un repreneur est là, Saint Jean Industries, qui sera sans doute, sinon peut-être, accepté par le tribunal de commerce. Quid des emplois ? Une soixantaine des quelque 450 salariés verraient leur emploi supprimé, sans que l'on sache qui ni à quelles conditions. Mais Sarkozy n'y voit aucun problème, puisqu'il y aurait « des primes extra-légales ».

Et Renault, l'ex-propriétaire de la fonderie qu'il créa en 1980, Renault vers lequel partent 85 % des culasses produites à FDPA, pourquoi l'État actionnaire ne pèserait-il pas pour obtenir la réintégration de la fonderie en son sein, comme le demandent les travailleurs et les syndicats ? « Renault ne veut pas vous reprendre, et je n'ai pas de pouvoir sur Renault », répondit Sarkozy qui, faute de grives, proposa de manger du merle : on peut avoir confiance, Saint Jean Industries est une entreprise « familiale », et un industriel de l'automobile de surcroît.

Voilà qui rassure en effet, quand on sait que Montupet était lui aussi un « pur » fondeur ! Et davantage encore quand on apprend que Saint-Jean-Industries n'a pas hésité en 2009 à jeter à la rue les 109 salariés de sa fonderie de Vénissieux, après en avoir déjà éjecté 200 lors du rachat en 2005 !

Dans l'attente de la décision du tribunal de commerce, et tout en maintenant leur revendication d'une reprise par Renault qui porte la responsabilité première de leur situation, les travailleurs d'Ingrandes ne baissent pas la garde.

Ils l'ont montré dès que Sarkozy eut tourné les talons, en refusant spontanément de reprendre le travail à 18 h et en débrayant le reste de la soirée.

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