Renault-Flins (Yvelines) : Le transport du personnel remis en cause - Pour venir à l'usine, débrouillez-vous !25/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/03/une2173.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault-Flins (Yvelines) : Le transport du personnel remis en cause - Pour venir à l'usine, débrouillez-vous !

À Renault-Flins, le mécontentement grandit contre la menace de la direction de supprimer la moitié des lignes de transport collectif.

L'usine de Flins, construite en 1952 à 45 kilomètres de Paris et en pleins champs, n'a pu faire tourner les chaînes qu'en organisant un service de ramassage des ouvriers dans toute la région qui l'entoure.

Dans les années 1980, l'usine comptait près de 23 000 salariés travaillant en 2x8, en équipe de nuit et en journée. Il fallait près de 200 lignes de cars pour transporter le personnel venant de la couronne parisienne mais aussi de toute la Normandie, du Vexin et de Seine-Maritime. Et en 1992 encore, alors que les effectifs avaient déjà fondu à 8 000 personnes, 60 % du personnel utilisaient le service de cars.

Depuis vingt ans, en même temps que l'effectif de l'usine continuait à diminuer, la direction a volontairement rendu ce service de plus en plus malcommode, rallongeant les lignes et augmentant toujours plus la durée du temps de transport. Pour assurer un remplissage maximum des bus, les lignes qui étaient auparavant directes ont été progressivement regroupées, faisant des zigzags à travers la campagne pour ramasser les ouvriers. Peu à peu ceux-ci, dégoûtés par un temps de transport toujours plus long ainsi que par l'augmentation du tarif des cars (120 euros par mois pour 40 km environ) abandonnaient le transport collectif et de plus en plus prenaient leur voiture.

Aujourd'hui, 850 ouvriers utilisent encore ce service chaque jour, soit un quart du personnel de l'usine. Mais, pour commencer le travail sur chaîne dès 5 h 25, beaucoup doivent se lever dès 3 h 25 pour prendre le car vers 4 h du matin. À l'aller comme au retour, tous dorment dans le car, finissant ainsi un peu leur nuit. Prendre leur voiture au lieu du car signifierait non seulement des dépenses supplémentaires, notamment de carburant, mais aussi de gros risques d'accident.

La direction n'en veut pas moins d'ici quelque temps supprimer la moitié des lignes de cars encore en service, supprimer des arrêts, rallonger les lignes et donc le temps passé en transport. Elle veut en fait obliger les ouvriers à prendre leur voiture et faire dix, quinze, voire vingt-cinq kilomètres pour rejoindre le point de montée le plus proche. Du coup, à l'idée de faire ces kilomètres en voiture pour rejoindre un point d'arrêt, beaucoup de travailleurs choisiront de se rendre directement à l'usine, au prix de quelques kilomètres supplémentaires. La direction prépare ainsi les prochaines suppressions de lignes.

Pour justifier ce mauvais coup, la direction de Renault prétend que le coût du transport est trop cher pour l'usine - il reviendrait à 13 euros par voiture produite - alors qu'elle nous fait payer déjà 40 % du prix des transports. Ce serait la moindre des choses que, pour aller au travail, le transport soit pratique et gratuit !

Quand les intentions de la direction ont été connues, une campagne contre la suppression des lignes de cars a démarré. Lancée par le syndicat CGT, une pétition a recueilli 600 signatures, et soixante travailleurs sont allés la porter à la direction. Un autre rassemblement a été organisé le 19 mars devant les bureaux de la chef du personnel pour dire « Non aux suppression de lignes ». Il n'est pas question pour les travailleurs d'accepter cette dégradation importante de leurs conditions de transport.

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