- Accueil
- Lutte ouvrière n°2173
- Après l'incendie du centre de rétention de Vincennes : Lourdes peines pour les sans-papiers
Leur société
Après l'incendie du centre de rétention de Vincennes : Lourdes peines pour les sans-papiers
Jeudi 17 mars, le tribunal correctionnel de Paris à condamné à de lourdes peines les sans-papiers accusés d'avoir incendié le centre de rétention administrative de Vincennes en juin 2008. Huit d'entre eux se sont vu infliger de huit mois à trois ans de prison ferme, et deux d'entre eux une peine de six mois avec sursis.
Le CRA de Vincennes était prévu pour enfermer 140 étrangers en situation irrégulière, dans l'attente de leur expulsion. En juin 2008 ils étaient le double, et la Cimade, la seule organisation humanitaire à pouvoir à l'époque visiter les retenus, dénonçait les conditions de détention indignes de ce centre, l'entassement des personnes, la mauvaise hygiène et les brutalités policières. Le 21 juin, un retenu tunisien mourait après avoir réclamé en vain des médicaments. Le lendemain, une marche silencieuse, organisée par les retenus pour protester contre la lenteur des secours et dénoncer leurs conditions de détention, était réprimée par la police. C'est alors que, pour attirer l'attention à l'extérieur, certains allumèrent des feux. L'incendie se propagea très rapidement et détruisit plusieurs bâtiments.
Avant le procès, aucune enquête n'a été ouverte au sujet des circonstances de la mort du retenu tunisien. Aucune enquête non plus pour expliquer pourquoi l'incendie a pu se propager aussi vite, et ce n'est que maintenant, après la condamnation des dix accusés, que les juges se décident à faire une demande d'expertise sur la conformité des bâtiments et des matériaux aux normes de sécurité, dans le but, disent-ils « de faire toutes observations utiles à la manifestation de la vérité » !
Les avocats des retenus jugés ont décidé de faire appel, dénonçant un procès « politique ». Les condamnés de ce procès sont en effet les victimes de la politique d'expulsion décidée par le gouvernement. Et ceux qui demandent aux forces de répression de « faire du chiffre » en multipliant les expulsions de sans-papiers, souvent à la suite de rafles, qui ordonnent qu'ils soient parqués dans des conditions inhumaines et qui les poussent à des actes de désespoir, eux, ne sont pas inquiétés !