Bachelot indemnise les laboratoires, merci Roselyne !25/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/03/une2173.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Bachelot indemnise les laboratoires, merci Roselyne !

La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a répondu mardi 23 mars aux questions d'une commission d'enquête du Sénat, mise en place à la demande du PCF et du Parti de Gauche, sur la gestion de l'épidémie de grippe H1N1. La ministre a été entre autres interrogée sur « le rôle des experts » et le fait que « ceux qui conseillent les laboratoires sont souvent ceux qui conseillent les gouvernements ».

La question mérite en effet d'être posée, car le gouvernement s'était largement appuyé sur leurs avis, à commencer par ceux de l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) pour prendre des décisions que d'autres scientifiques contestaient pourtant. 94 millions de doses de vaccin avaient été commandées aux trusts pharmaceutiques, dont Glaxo, Sanofi-Aventis et Novartis, pour la bagatelle de 869 millions d'euros, une somme équivalente au déficit des hôpitaux publics. Une campagne de vaccination de masse avait été décidée sans que les moyens nécessaires en personnel et en matériel soient mis en place et les 5,6 millions de personnes vaccinées se souviendront surtout d'une gigantesque pagaille.

Roselyne Bachelot prétend que ces experts sont « indépendants ». Mais comment pourraient-ils l'être véritablement vis-à-vis de laboratoires qui financent leurs recherches, leur offrent des postes de consultants et des participations à des congrès, au cours desquels ils présentent leurs travaux indispensables pour se faire un « nom » dans le milieu médical et justement devenir un expert reconnu ? La loi leur impose bien sûr de déclarer ces liens avec les entreprises mais ces déclarations ne sont pas vérifiées et aucune sanction n'est prise en cas d'omission. Comme le dit un membre de la commission du Sénat, c'est « le code de la route sans gendarme ».

Ceci dit, le vrai problème c'est qu'experts ou non, le virus H1N1 est arrivé à point nommé pour servir de prétexte au gouvernement à aider l'industrie pharmaceutique, comme il l'avait déjà fait pour les banquiers ou les industriels de l'automobile. Car invoquer la méconnaissance où l'on était alors des conséquences de cette épidémie ne suffit pas à expliquer les sommes énormes promises aux laboratoires... alors qu'en aval rien n'était prévu pour organiser une campagne de vaccination efficace. Les avis des experts, s'ils avaient été différents, auraient sans doute été ignorés car la préoccupation du gouvernement était d'aider les trusts, en l'occurrence ceux de la pharmacie, à maintenir ou augmenter leurs profits. C'est d'ailleurs bien ce qui s'est passé à voir les 8,4 milliards de bénéfices annoncés par Sanofi-Aventis pour 2009.

Roselyne Bachelot s'est aussi félicitée d'avoir, dès le 4 janvier, annulé la commande de 50 millions de doses sur les 94 millions prévues, laissant sous-entendre, à l'époque, que ces doses ne seraient pas payées puisqu'elles n'avaient pas été livrées. C'était encore un effet d'annonce car le Figaro du 23 mars révèle que le gouvernement a proposé de verser 48 millions d'euros d'indemnités (dix à Novartis, trente-six à Glaxo et deux à Sanofi-Aventis), proposition que le seul Novartis a acceptée, les deux autres laboratoires se réservant le droit d'engager un recours juridique.

Le 12 janvier, devant une autre commission parlementaire, Roselyne Bachelot avait déclaré « assumer pleinement les choix effectués ». Cela valait aussi pour ce cadeau de 48 millions d'euros aux trusts pharmaceutiques.

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