Île de la Réunion : Le basculement à droite25/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/03/une2173.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Île de la Réunion : Le basculement à droite

Considérée comme une des régions fortement ancrées à gauche, La Réunion a basculé à droite lors du second tour des élections régionales. Didier Robert, le candidat de l'UMP, l'a emporté avec 45,46 % des voix, devant la liste dite de l'Alliance conduite par le dirigeant du Parti Communiste Réunionnais Paul Vergès (35,55 %) et celle du Parti Socialiste (19,99 %).

Au soir du premier tour, les listes considérées comme étant à gauche avaient pourtant totalisé 53 % des suffrages. Mais, les tractations entre le PCR et le PS ne s'étant pas conclues par un accord de fusion, c'est la liste de droite qui, au final, a recueilli un plus grand nombre de suffrages.

Il est bien difficile de connaître précisément les raisons qui ont conduit à cette désunion. Elles ne peuvent en tout cas être que secondaires puisque, sur le fond, les politiques du PCR et du PS sont fortement semblables. Tous deux disent vouloir résoudre les lourds problèmes que connaissent les classes populaires par des aides massives et continues à un patronat prétendument créateur d'emplois.

Cette politique a été concrètement mise en ouvre par le PCR, qui dirigeait jusqu'à présent la Région, via de grands travaux, notamment autoroutiers. Et pour l'avenir, les objectifs qu'il proposait étaient identiques puisque, durant la campagne, ses projets phares se limitaient à la construction d'un tram-train et, en matière culturelle, à une Maison des civilisations. Le PS quant à lui insistait plutôt sur la construction de logements, mais toujours « par le biais d'aides aux entreprises ».

C'est dire que le PCR et le PS auraient fort bien pu faire liste commune. Rien dans leur politique ne l'empêchait, si ce n'est une concurrence d'appareils, ou peut-être simplement un désaccord sur le nombre de leurs élus respectifs.

En fait, le PCR a surtout tenu à se poser comme un parti capable de fédérer des forces politiques, indépendamment du camp dont elle se réclament. L'union de tous les Réunionnais qu'il prône de façon incessante s'est traduite dans ces élections par une ouverture vers la droite. Au premier tour, Vergès a tendu la main à d'ex-UMP et au Modem, qui se sont retrouvés sur les listes de l'Alliance. Pour le second tour, le grand écart du PCR a été plus accentué encore, quand il est allé chercher, en la personne de Thien Ah Koon, un patron-politicien fortement marqué à droite. Ce choix a jeté un trouble au sein des électeurs du PCR. Certains se rappelaient les attaques physiques des nervis de Thien Ah Koon qu'ont à subir des militants du PCR et de l'Union des femmes réunionnaises venus manifester contre des affiches insultantes envers les femmes.

Huguette Bello, députée du PCR et maire de la ville de Saint-Paul, a publiquement désavoué certains des choix politiques de son parti, et en particulier cette main tendue à Thien Ah Koon. Ce sentiment a sans doute été partagé par d'autres militants ou électeurs du PCR, ce qui expliquerait que, dans des villes détenues par le Parti Communiste Réunionnais, on ait assisté à une démobilisation de son électorat, qui s'est sans doute abstenu de voter. Ce fut le cas à Saint-Paul ou à Saint-André.

La droite est donc aujourd'hui majoritaire au Conseil régional. Durant la campagne elle n'a cessé de s'en prendre à Vergès, de dénoncer ses projets dits « pharaonique » et son bilan « désastreux » sur le plan social, dans cette île qui compte 120 000 chômeurs, 110 000 illettrés, 70 000 érémistes. Dans ce constat, la droite a bien sûr fait l'impasse sur la responsabilité du gouvernement qu'elle soutient, et qui légifère en faveur du patronat qui, sous prétexte de crise, licencie à tour de bras, impose le travail à temps partiel et des bas salaires.

Il ne faudra pas attendre longtemps pour que la réalité de sa politique, dure envers les travailleurs et les plus pauvres, apparaisse au grand jour.

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