Afghanistan : Le prix Nobel de la paix s'en va-t-en guerre15/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2150.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan : Le prix Nobel de la paix s'en va-t-en guerre

Au moment où le président américain devait annoncer sa « nouvelle stratégie » en Afghanistan, un quotidien de Washington révélait que Barack Obama, au-delà des renforts de 21 000 hommes annoncés en mars, avait discrètement envoyé dans le « bourbier » afghan 13 000 autres militaires, mécaniciens, personnel médical, spécialistes du renseignement, agents de la police militaire, déployés en tant que supports de troupes.

Outre le fait que la ¬ma¬noeuvre avait déjà été employée par son prédécesseur Bush, le geste d'Obama ne surprendra que ceux qui voyaient en lui autre chose que ce qu'il est : le digne représentant du plus fort État impérialiste, qui reprend à son compte la politique belliciste de ses prédécesseurs, en Irak comme en Afghanistan, où il a d'ailleurs déclaré la guerre « nécessaire ». Et à ce titre, il se livre à un jeu d'équilibre entre les exigences des généraux, en particulier celles de McChrystal, le commandant en chef des forces de l'OTAN en Afghanistan, qui réclame 45 000 soldats supplémentaires pour « gagner la guerre », et l'opposition à celle-ci d'une part grandissante de la population américaine.

Depuis huit ans que les forces occidentales mènent la guerre en Afghanistan, sous couvert de combattre Al-Qaïda comme les talibans, la situation des villageois des zones bombardées n'a cessé de se dégrader. Plus de mille civils ont péri depuis janvier 2009 du fait des bombardements aériens. Au point que les groupes d'insurgés - bien rapidement qualifiés de « talibans » - se sont renforcés de ceux qui prennent les armes pour lutter contre l'occupation militaire. 100 000 hommes sont présents sur le terrain, dont 3 000 Français et 68 000 Américains, mais leur nombre est insuffisant selon les généraux américains, le Parti Républicain et l'aile droite du Parti Démocrate. Et de fait ils ne peuvent pas enrayer un mécanisme qu'en réalité ils alimentent sans cesse.

Ce n'est pas l'élection présidentielle d'août dernier qui pourra donner une légitimité au pouvoir afghan soutenu par les États-Unis. Selon le représentant de l'ONU, un tiers des voix décomptées seraient frauduleuses et, même si le président sortant Karzaï se proclame élu, aucun résultat « officiel » ne peut être encore publié près de deux mois plus tard. La corruption, le trafic d'armes et de drogues pourrissent la vie quotidienne, entretenus par cette situation même d'occupation.

L'occupation de l'Afghanistan par les troupes impérialistes débouche ainsi sur une situation sans issue. Après l'envoi de troupes, les dirigeants américains ne trouvent rien d'autre à faire que d'en envoyer encore d'autres. Une escalade au bout de laquelle, on l'a déjà vu dans l'exemple du Vietnam, la chute risque de n'en être que plus dure.

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