Empêcher les banquiers et le grand patronat de nuire15/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2150.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Empêcher les banquiers et le grand patronat de nuire

Pendant que les dirigeants politiques nous abreuvent de mensonges sur l'amélioration de la situation économique, la crise de l'économie capitaliste continue et s'aggrave. Seules montrent des signes de reprise les activités boursières et financières et, derrière elles, la spéculation. Mais qui peut s'en réjouir, en dehors des propriétaires d'actions et de ceux qui ont de l'argent pour spéculer ?

Certainement pas ceux qui sont poussés vers le chômage par la multiplication des entreprises qui ferment ! Certainement pas ceux qui conservent encore leur travail, mais ne savent pas pour combien de temps, et dont le pouvoir d'achat est écrasé par le blocage des salaires, par les périodes de chômage partiel, sans parler des prélèvements en hausse, celle du forfait hospitalier étant la dernière en date !

La reprise de la spéculation, alors que les investissements productifs créateurs d'emplois reculent, annonce de nouveaux coups contre les travailleurs. L'argent facile de la spéculation vient d'une manière ou d'une autre d'une aggravation de l'exploitation.

La hausse du prix des actions en Bourse signifie que les marchés financiers parient sur autant et plus de profits, malgré la stagnation, voire le recul de la production. Ce que les capitalistes n'obtiennent pas en produisant et en vendant plus, ils l'extorquent en imposant plus de travail à moins de travailleurs, plus mal payés. La contrepartie du maintien de leurs profits, c'est le licenciement pour les uns et plus de travail pour ceux qui restent. C'est aussi des services publics privés de financement afin de réserver les caisses de l'État aux banquiers et aux patrons de l'industrie.

La classe capitaliste mène une véritable guerre contre les classes populaires afin de sauver ses profits malgré la crise. Les conséquences de cette guerre sont désastreuses pour le monde du travail, comme pour toute la société. Mais il serait vain d'espérer qu'elle s'arrêtera toute seule. Et laisser espérer que cela pourrait cesser avec la victoire électorale d'une coalition des partis de gauche, avec ou sans le Parti Socialiste, avec un « bon » programme électoral, c'est tromper le monde. C'est dévoyer la seule force capable de s'opposer à la machine de guerre patronale : l'ensemble des salariés en lutte.

Les travailleurs ne sont pas encore prêts à engager le combat contre le grand patronat ? C'est incontestable aujourd'hui, mais cela peut et doit changer demain. C'est en tout cas la seule perspective pour le monde du travail. Et tous ceux qui font miroiter d'autres espoirs, électoraux ou non, sont des charlatans.

On peut organiser tant qu'on veut des « forums-débats » ou des « ateliers de discussions » pour inventer une « politique alternative », tout cela n'est, au mieux, que des mots creux agités pour éluder l'essentiel : s'ils veulent arrêter la dégradation de leur sort, les travailleurs doivent se donner les moyens de contester à la classe capitaliste son pouvoir absolu sur l'économie et la société.

Étant donné la montée dramatique du chômage, le premier pas dans ce sens sera d'imposer aux capitalistes l'interdiction des licenciements économiques et des fermetures d'entreprises. Il n'y aurait pas de travail pour tout le monde ? Alors il faut répartir le travail entre tous sans diminution de salaire.

La crise actuelle et ses conséquences catastrophiques pour les exploités montrent que la classe dirigeante est incapable de diriger l'économie. Sa gestion de la crise se traduit par un scandaleux étalage d'argent facile pour une minorité et, en même temps, par le retour en force de la pauvreté, des usines qui ferment, des machines qui rouillent et des compétences laissées en friche. La seule perspective pour les exploités, la seule « politique alternative », c'est de soumettre les entreprises et les banques au contrôle de la population.

Cela semble aujourd'hui utopique ? Cela l'est certainement moins que de demander aux patrons, aux actionnaires, aux banquiers, de cesser d'agir en fonction de leur seul profit et de bien vouloir mener une politique industrielle créatrice d'emplois.

Les coups que les patrons et le gouvernement nous portent finiront par convaincre les plus hésitants qu'il faut agir si nous ne voulons pas être enfoncés dans la misère. Il faudra alors imposer au patronat et aux banquiers des mesures aptes à les empêcher de nuire.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 12 octobre

Partager