Grippe A : Une bonne affaire pour certains15/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2150.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Grippe A : Une bonne affaire pour certains

Plus le gouvernement et sa ministre de la Santé se félicitent de leur plan contre la grippe A, et plus la défiance monte dans la population, quand ce n'est la conviction de l'existence d'un « complot » permettant aux laboratoires « de faire le maximum de profits » et aux responsables politiques « de ne pas avoir à parler de la crise. »

Rien que du bonheur pour certains labos

Il est certain que la grippe donne le sourire à quelques laboratoires de l'industrie pharmaceutique. Les laboratoires Roche, par exemple, qui commercialisent le Tamiflu, annoncent des ventes multipliées par douze au deuxième trimestre 2009 et prévoient pour ce seul produit et cette seule année, un chiffre d'affaires de... 1,3 milliard d'euros ! De leur côté, les laboratoires qui préparent les vaccins - les Sanofi, Novartis et autres GlaxoSmithKline - offrent à leurs actionnaires toutes les raisons de se réjouir grâce aux commandes passées par les gouvernements des pays riches - près d'un milliard d'euros pour le seul gouvernement français. Et c'est sans parler des vendeurs de masques protecteurs ou solutions hydro-alcooliques pour se désinfecter les mains qui, eux, se les frottent avec bonheur.

Cependant, si la grippe est une bonne affaire pour les grands groupes industriels de la santé, ce n'est évidemment pas eux qui en sont responsables. C'est le virus.

Alors que chaque hiver la grippe saisonnière habituelle frappe deux à trois millions de personnes sur le territoire national et tue selon les années 2 000 à 6 000 d'entre elles, on estime que le tiers de la population, environ 20 millions de personnes, pourrait être frappé par le virus de la pandémie et plusieurs dizaines de milliers d'entre elles pourraient en mourir. À l'échelle de la planète, les malades pourraient se compter par centaines de millions et les morts par centaines de milliers. Même s'il ne s'agit que d'une éventualité, cela justifie de s'y préparer, de produire des vaccins et des antiviraux pour réduire la mortalité. Le problème, c'est qui en bénéficiera.

Des médicaments pour qui ?

Bien que les frais de recherche aient été amortis plusieurs fois, compte tenu des quantités commandées par les pays riches, les antiviraux sont chers, inaccessibles aux États des pays pauvres. Et ce ne sont pas les quatre millions de doses de Tamiflu mises à disposition de l'OMS par Roche qui régleront le problème. Pas plus que l'engagement de Sanofi de réserver 10 % de sa production de vaccins pour l'OMS ne permettra de protéger ces mêmes populations. Si la pandémie se développe, elle prendra pour les populations des pays pauvres, déjà ravagés par la famine, la malnutrition, l'absence d'hygiène et les autres infections, les allures d'un véritable fléau. Des hommes et des femmes mourront par millions alors que, à quelques heures de vol de là, on fabriquera et on protégera des stocks de médicaments.

Ici en France, où la même Roselyne Bachelot a donné son nom à la loi qui parachève la mise à mal de l'hôpital public conduite depuis des années par tous les gouvernements qui se sont succédé, si la pandémie se développe, on disposera peut-être de vaccins et d'antiviraux, mais pas des services hospitaliers ni du personnel soignant ni des médecins indispensables à la prise en charge des malades. On pourrait alors revivre dans les couloirs des hôpitaux la situation dramatique engendrée par la canicule en 2003, mais avec, plein les placards, des stocks de médicaments achetés à grand prix aux industriels de la pharmacie.

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