Manifestation nationale des victimes de l'amiante : Chaque année, autant de morts qu'au World Trade Center15/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2150.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Manifestation nationale des victimes de l'amiante : Chaque année, autant de morts qu'au World Trade Center

La manifestation nationale annuelle de l'Association nationale des victimes de l'amiante (Andeva) et de la Fédération nationale des accidentés du travail (Fnath) à Paris, le samedi 10 octobre, a réuni plusieurs milliers de personnes venant de toutes les régions du pays. Elle était soutenue par la CGT et la CFDT, l'Union syndicale des magistrats (USM), l'Association française des magistrats instructeurs (AFMI). Des camarades de Lutte Ouvrière étaient présents derrière une banderole.

Le parcours de la manifestation était symbolique du long combat des victimes de cet empoisonnement pour faire valoir leurs droits. Elle a débuté rue de Messine, où se trouvait le siège du lobby patronal de l'amiante qui a organisé la désinformation sur la nocivité de son utilisation dans l'industrie et le bâtiment, connue pourtant depuis 1906. Actuellement, 3 000 personnes en meurent chaque année et 100 000 autres vont mourir de l'amiante dans les vingt ans à venir.

C'est en 1996 que les premières plaintes au pénal ont été déposées par l'Andeva. Les dix années suivantes, ces plaintes n'ont pas été prises en considération par les juges. Il a fallu les multiples manifestations des « veuves de l'amiante » à Dunkerque, de décembre 2005 à janvier 2007, pour que les différentes plaintes soient regroupées au Pôle de santé publique à Paris.

Mais l'instruction avance à pas lents. En 2008, il manquait dix officiers de police judiciaire pour mener les enquêtes nécessaires. Il en manque autant cette année. Au rythme actuel, le procès pénal ne pourrait avoir lieu avant 2014, près de vingt ans après le dépôt des plaintes ! La manifestation exigeait donc que les moyens soient mis en oeuvre pour que le procès pénal puisse se tenir rapidement.

Les délais du Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante (Fiva) se dégradent aussi : en moyenne de 7 mois et 3 semaines en 2007, 9 mois et 3 semaines en 2008... Des magistrats et des juges d'instruction étaient présents à la manifestation. Au-delà de la sympathie pour les victimes, ils mettaient en garde contre la suppression des juges d'instruction annoncée par Sarkozy et leur remplacement par des procureurs relevant directement du ministre de la Justice. Les dossiers de l'amiante pourraient bien être victimes de leur suppression, car les procureurs qui en auraient la charge sont soumis au gouvernement... qui est lui-même soumis aux intérêts du patronat !

En dix ans en effet jamais un procureur n'a bougé le petit doigt pour engager une procédure pénale contre les responsables de cette catastrophe sanitaire. Plus, lors des premières procédures en faute inexcusable de l'employeur devant les tribunaux des affaires de Sécurité sociale, et alors que le parquet n'y siège jamais, on a vu à plusieurs reprises des procureurs ou leurs substituts faire le déplacement et requérir l'absence de responsabilités des employeurs, pour tenter d'éviter aux entreprises de payer des dommages et intérêts aux victimes et la multiplication des procès. Ce qui, heureusement, n'a pas eu lieu.

Comme l'ont conclu les divers orateurs aux abords de la place Vendôme et du ministère de la Justice, c'est de la mobilisation des victimes et du soutien qu'elles recevront pour obtenir justice que, plus que jamais, tout dépend.

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