C'est le capitalisme qui vit à crédit15/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2150.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

C'est le capitalisme qui vit à crédit

En défendant les crédits à la consommation renouvelables, la ministre de l'Économie ne protège pas seulement les profits immédiats des banques et des groupes de distribution. Elle veille aussi à ce que les trente milliards d'euros d'encours de ces crédits restent dans la circulation.

Trente milliards d'euros, cela peut paraître une goutte d'eau comparé aux sommes pharamineuses que l'État prête aux banques ou que ces dernières manient sur les marchés. Mais ces trente milliards servent à acheter et à payer, même si c'est à crédit, des marchandises réelles. Et c'est sur leur vente que repose la réalisation des profits des capitalistes, de tous les capitalistes. Derrière Auchan, Carrefour et les autres, il y a les industriels de la fabrication des biens de consommation. Et derrière tous il y a les banques qui leur ont prêté des capitaux. Pour tous ceux-là il est essentiel que la circulation de marchandises réelles ne se bloque pas.

Le système capitaliste nage dans l'absurdité. D'un côté, chaque capitaliste licencie et bloque les salaires pour maintenir son taux de profit. De l'autre, les capitalistes dans leur ensemble ont besoin d'un marché solvable, de clients pouvant payer. Pour résoudre cette contradiction, ils ont recours au crédit et obligent les classes populaires à faire de même. Cela ne résout rien et ne fait, tout au plus, que repousser l'échéance. Plus encore, l'avidité des banques, en imposant des taux usuraires, appauvrit les plus pauvres et diminue encore la quantité de biens qu'ils peuvent acheter.

Ce recours au crédit pour maintenir tant bien que mal la consommation des classes populaires illustre le fonctionnement du système tout entier. Incapable de développer le marché et cherchant néanmoins à maintenir un taux de profit élevé, le capitalisme s'appuie sur une pyramide de crédits de plus en plus haute, reposant sur une base, le marché des biens de consommation, de plus en plus étroite. Cela tient de la fuite en avant. Ce ne sont pas tant les familles populaires endettées auprès de Cetelem qui vivent à crédit, que le système lui-même.

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