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- Lutte ouvrière n°2150
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Affaire Ben Barka : Des révélations tardives, qui confirment la complicité de l'État français
À quelques jours du rassemblement annuel qui, le 29 octobre, réunit autour de la famille de Ben Barka devant la brasserie Lipp à Paris, où l'opposant marocain fut enlevé il y a quarante-quatre ans, ceux qui ne veulent pas que ce crime soit oublié, un « dossier secret » qui aurait appartenu à la gendarmerie vient d'être rendu public par l'intermédiaire d'un écrivain et du Journal du Dimanche.
Selon les documents contenus dans ce dossier, dont le journal publie quelques copies, les gendarmes qui, à l'époque, enquêtaient sur cette opération menée conjointement par les services du roi Hassan II du Maroc et des policiers et truands français, auraient collecté une série d'informations qui n'auraient jamais été transmises à la justice. Ainsi, grâce à des informateurs, ils auraient su dès 1966 que le corps de Mehdi Ben Barka avait été incinéré quelques jours après son enlèvement par les soins d'un pompiste de l'Essonne. Ils auraient même récupéré au milieu des cendres des fragments de vêtements qui auraient pu appartenir à la victime. Mais tout cela aurait été... « oublié » !
On peut s'étonner que ces documents, estampillés « secret défense », réapparaissent seulement aujourd'hui, que celui qui les détenait ait attendu de nombreuses années avant de les rendre publics, mais les précisions qu'ils contiennent confirment trop d'éléments que l'on savait déjà sur l'enlèvement et l'assassinat de Ben Barka pour qu'ils ne soient pas pris en considération.
En tout cas, ces révélations arrivent à point alors que le parquet de Paris s'est récemment opposé aux mandats d'arrêt internationaux lancés par un magistrat contre de hautes personnalités marocaines, dont deux généraux, impliquées dans cette affaire.
Saura-t-on un jour la vérité sur cet assassinat ? Il est difficile de le dire, d'autant qu'avec le temps les témoins sont de moins en moins nombreux. Mais cette affaire aura au moins eu le mérite de dévoiler les basses besognes, les complicités avec le grand banditisme, les meurtres et les entraves à la justice dont sont capables les services de l'État, dès lors qu'il s'agit de satisfaire les alliés du gouvernement français, fussent-ils des dictateurs comme Hassan II.