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Toyota - Valenciennes : La direction recule devant le mécontentement
Alors que la production est repartie à la hausse, que des intérimaires ont été repris, la direction de Toyota Valenciennes avait prévu toute une série de négociations, notamment sur ce qu'elle a appelé « l'aménagement du temps de travail ».
En réalité, il s'agissait encore et toujours du vol de notre travail. De nouveaux compteurs d'heures individuels et collectifs allaient être mis en place. Pour simplifier des schémas bien plus compliqués, ces compteurs auraient été remplis par des heures supplémentaires non récupérées et non payées, plus deux jours pris sur les congés payés. Pendant des périodes de fermeture imposées par la direction, elle aurait puisé dans ces compteurs pour payer nos salaires ! Elle voulait ainsi nous faire payer d'avance les périodes de chômage partiel qu'elle envisage l'année prochaine, tablant sur un marché automobile européen en recul.
L'argument massue répété par les chefs était qu'ainsi on ne perdrait pas d'argent ! Mais cet argument ne résista guère lorsqu'une grande partie des ouvriers comprirent avec un tract de la CGT que la direction voulait nous faire travailler plus... pour gagner pas plus et peut-être moins ! Car une fois les compteurs d'heures vidés, avec ce système on en était réduit au chômage partiel mal indemnisé à 60 % du salaire brut.
Plus les chefs parlaient, plus ils convoquaient d'ouvriers un par un pour les convaincre, plus le mécontentement montait dans l'usine... et plus étaient nombreux ceux qui demandaient que la CGT et FO appellent à des assemblées générales, comme lors de la grève du mois d'avril dernier.
L'expérience de la grève et des mois qui l'ont suivie n'est pas oubliée. Ce sont les assemblées qui avaient permis l'organisation de la grève en avril et ce sont des assemblées - ou la menace d'assemblées - qui ont contraint la direction à l'application complète du protocole de fin de grève.
Comme lors de la grève, CGT et FO ont appelé ensemble aux assemblées sur le temps de pause dans chaque équipe mercredi 7 octobre. Ce fut un succès.
En fait, quelques heures avant l'assemblée de l'équipe du matin, la direction annonçait des « améliorations » de son projet sur nombre d'aspects. Elle maintenait ses nouveaux compteurs mais retirait certains aspects les plus choquants du vol des heures supplémentaires, et s'engageait à signer - de trois mois en trois mois - la convention qui permet l'indemnisation du chômage partiel à 75 % du brut (95 % du net). Cette revendication avait été l'une des principales de la grève d'avril, et elle engage Toyota à ne pas licencier pendant la période de la convention.
Malgré le soulagement de beaucoup... et la pression des chefs, 650 ouvriers se sont réunis en assemblée sur 3 000 embauchés : 200 en équipe du matin, 300 en après-midi et 150 en nuit. Après le constat du recul de la direction, les assemblées ont demandé la confirmation écrite des nouvelles propositions et se sont donné rendez-vous pour le surlendemain. Vendredi 9 octobre, 370 ouvriers se sont donc réunis à nouveau, dans les mêmes proportions.
La direction a reculé pour le moment, de crainte que le mécontentement se transforme en grève alors qu'elle a besoin des voitures. Il est certain qu'elle retentera de s'en prendre à nos salaires, pourtant déjà trop faibles, et aux conditions de travail. Mais nous sommes désormais des centaines à avoir pu vérifier que, décidés et unis, ce n'est plus la direction et les chefs qui sont les plus forts.