10 ans après le naufrage de l'Erika : Total, société à irresponsabilité illimitée15/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2150.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

10 ans après le naufrage de l'Erika : Total, société à irresponsabilité illimitée

Lundi 5 octobre, le procès en appel de l'Erika s'est ouvert à Paris, procès qui devrait durer au moins jusqu'à mi-novembre.

L'Erika est ce navire pétrolier qui s'était abîmé au large du Finistère le 12 décembre 1999, avec à son bord 37 000 tonnes de fuel lourd. Une grande partie de la cargaison s'était déversée en mer, provoquant une gigantesque marée noire, polluant ainsi plusieurs centaines de kilomètres de côtes, du Finistère à la Charente-Maritime, obligeant toutes les communes, les départements, les particuliers à de très gros efforts humains et financiers pour remédier aux conséquences de cette catastrophe.

Total, propriétaire de la cargaison, avait immédiatement clamé haut et fort n'être pour rien dans la catastrophe. Et il est vrai que Total, comme toutes les grandes sociétés pétrolières le font, avait pris soin de tout faire pour échapper à sa responsabilité. Le navire, vieux de vingt-cinq ans et en mauvais état, avait été acheté quelques jours avant le voyage par une société italienne, via plusieurs sociétés écrans, le pavillon était maltais, la société de contrôle était italienne. Malgré tout, en janvier 2008, le tribunal de Paris avait condamné Total, ainsi que Rina, la société chargée du contrôle du bateau, pour « dommage écologique ». Les peines d'amendes avaient été relativement peu élevées, 375 000 euros, le maximum prévu par la loi. Les dommages et intérêts aux collectivités locales se sont élevées à 192 millions d'euros, versés pour les trois quarts à l'État français. Les autres bénéficiaires avaient été des communes, les départements, et la Ligue de protection des oiseaux (LPO), puisque de 150 000 et 300 000 oiseaux englués dans le mazout avaient péri.

En fait ces sommes, déjà versées en partie, n'ont pas été à la hauteur des dommages commis. Bien des communes, des collectivités avaient dépensé sans compter leur argent, leur temps, leur énergie, sans compter les dégâts irrémédiables causés à la faune, les pertes liées à la diminution du tourisme...

Mais Total a tenu quand même à faire appel de sa condamnation. Il veut bien verser les indemnités, en espérant certains désistements de parties civiles, mais ne veut toujours pas être reconnu coupable. Total persiste à nier sa responsabilisé, affirmant par exemple ne pas vouloir « se substituer aux sociétés de contrôle et de classification, à l'armateur et à l'État du pavillon ».

Il paraît que les dirigeants de Total sont très chagrinés que Total apparaisse ainsi aux yeux du public comme une société surtout avide de profits, une société peu soucieuse du bien public, de la nature et de ses habitants, une société refusant les conséquences de ses actes quand ses bénéfices sont en jeu, voulant les faire supporter à la collectivité. Mais visiblement, cela ne les fait pas changer d'attitude.

Total irresponsable ? Certes, oui. Comme toutes les autres grandes sociétés capitalistes, avec en outre la revendication affirmée de le rester.

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