Paradis fiscaux : Sarkozy et son cinéma01/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2148.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Paradis fiscaux : Sarkozy et son cinéma

« Les paradis fiscaux, c'est fini », a affirmé sans rire Sarkozy sur TF1 et France 2, le 23 septembre, depuis les États-Unis. Dommage qu'il ait oublié d'en informer David Douillet, judoka réputé, candidat UMP, collecteur de pièces jaunes pour Bernadette Chirac et titulaire d'un compte (pas en menue monnaie) au Liechtenstein, selon l'ex-juge d'instruction Eva Joly.

Mais, pour un Douillet qui se fait prendre la main dans le pot de confiture, il y a toute une foule d'autres, et d'abord de dirigeants et actionnaires de grosses sociétés ayant des comptes dans des paradis fiscaux, que le gros bobard présidentiel a bien dû amuser.

Rien qu'en France, on estime à 40 milliards d'euros, soit près de trois fois le « trou » de la Sécu, ce qui échappe ainsi au fisc. Et, à l'échelle mondiale, près de la moitié des mouvements de capitaux, dont ceux des plus grands groupes financiers et industriels, transitent par des comptes situés dans des îles au nom exotique ou dans des contrées au centre même de l'Europe.

Alors, qui croira que la décision du G20 de Londres, qui a placé sur une « liste grise » des pays qui offrent de telles facilités à leurs riches clients, pourrait avoir, en quelques mois, mis un terme à un système devenu inhérent au fonctionnement même du capitalisme mondial ?

Et ce qui est demandé à ces pays pour cesser d'être listés « en gris » relève de la plaisanterie. Il suffit qu'ils signent des « conventions » avec douze autres États, dont certains sont souvent d'autres paradis fiscaux ! Ainsi la Suisse a signé une convention avec, outre la France et les États-Unis, le Luxembourg, le Qatar, les iles Feroë... La principauté de Monaco vient aussi de sortir de la liste grise après avoir signé douze accords, avec la France (en précisant que cela ne fait que reprendre un accord datant de 1963) ainsi qu'avec les iles Feroë (encore), le Groenland, Saint-Marin, les Bahamas, le Luxembourg, le Liechtenstein, Andorre, Qatar, les îles Samoa dans le Pacifique, Saint Kitts dans la Caraïbe... Ces conventions, a précisé un conseiller du gouvernement monégasque, prévoient l'échange de renseignements « au cas par cas et sur des demandes concrètes et motivées ».

Cela laisse une marge confortable d'appréciation, et de refus, aux autorités monégasques, si d'aventure celles d'un autre pays voulaient vraiment, ce qui reste à prouver, faire de la peine à leurs nationaux ayant quelque argent au soleil...

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