La Poste : Contre la privatisation, contre la course à la rentabilité, il faut une suite au 22 septembre01/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2148.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste : Contre la privatisation, contre la course à la rentabilité, il faut une suite au 22 septembre

La grève du 22 septembre dernier à La Poste a montré que l'opposition à la privatisation est toujours aussi forte chez les postiers. La mobilisation ne s'est pas relâchée par rapport à la journée du 23 septembre 2008, où les postiers avaient aussi été appelés à faire grève contre le projet du gouvernement. Pourtant ce 22 septembre n'était qu'une journée de protestation de plus, sans lendemain annoncé, sans véritable plan de mobilisation pour faire reculer le gouvernement.

Et bien que les postiers aient tout de même répondu encore une fois présent, les cinq fédérations syndicales n'ont pas encore trouvé le moyen de proposer une suite à cette journée. Elles ne font rien pour permettre aux 280 000 postiers de prendre confiance dans leur capacité à faire reculer le gouvernement. Pourtant, ils représentent une force considérable, d'autant qu'ils jouissent de la sympathie de la population laborieuse. En faisant bloc dans une lutte collective ils auraient les moyens de se faire craindre du gouvernement.

Une riposte qui n'en n'est pas une

La seule action proposée aux postiers est de participer au référendum organisé par les syndicats et les partis de gauche tout au long de la semaine du 28 septembre au 3 octobre.

Bien évidemment, comme la plus grande partie de la population est à juste titre opposée à la privatisation, l'opération aura sans doute un certain succès. Mais elle n'est pas si innocente qu'elle le paraît à première vue. Pour les confédérations et fédérations syndicales, elle leur permettra de faire mine d'agir contre la privatisation en abandonnant le seul terrain où la mobilisation, la lutte collective et déterminée des postiers pourrait peser. Pour les partis de gauche c'est aussi le moyen de se préparer aux futures échéances électorales. Le Parti Socialiste, le plus fort électoralement, peut espérer apparaître à bon compte comme l'axe de cette protestation. En faisant oublier que c'est lui qui, au gouvernement, a initié la marche à la privatisation. Le Parti Communiste, lui, a besoin de rassembler « la gauche dans l'action » avant de la rassembler dans les élections régionales. Cela lui permet, à lui aussi, au passage, de faire oublier ses responsabilités lorsqu'il participait au gouvernement aux côtés des socialistes. Bref, la gauche tente de se refaire une virginité à bon compte en essayant de montrer qu'elle peut être « une bonne alternative » pour les élections à venir.

La privatisation des services publics : contre par principe !

On comprend que, parmi la population laborieuse, bien des usagers aient envie de dire leur opposition au projet gouvernemental. Mais cette « votation citoyenne » n'aura aucun effet sur les projets du gouvernement. L'idée des organisateurs est de faire pression sur Sarkozy pour qu'il organise officiellement un référendum sur le statut de La Poste. La démarche est en soi très contestable car, même minoritaires, tous ceux qui s'opposent à ce qu'on privatise un service public, en l'occurrence La Poste, ont raison, quel que soit le nombre de ceux qui penseraient le contraire. A-t-on fait un référendum sur la peine de mort ? Un référendum sur l'opportunité de traiter les femmes à l'égal des hommes ne serait-il pas choquant ?

En ce qui concerne La Poste, tout le monde sait déjà que l'immense majorité de la population est contre la privatisation, les sondages le confirment avant les résultats de cette fameuse votation, mais le gouvernement s'en moque. Car tant qu'il s'agit d'une opinion, même exprimée par un bulletin de vote, le gouvernement n'a rien à craindre. C'est si postiers et usagers entraient en lutte, se mettaient à descendre massivement dans la rue, à faire grève, à ne plus jouer le jeu, qu'ils pourraient se faire respecter et obliger le gouvernement à reculer.

La course au profit : une vraie catastrophe

L'enjeu est de taille, car depuis que le processus de privatisation est engagé, le service public ne cesse de se dégrader en même temps que les conditions de travail des postiers. Rien que depuis 2002, il y a eu plus de 50 000 suppressions d'emplois à La Poste (et non 20 000 comme nous l'avons écrit par erreur la semaine dernière) ; plus de 6 000 bureaux de poste ont été supprimés sur les 17 000 existants. Mais ce n'est pas fini, comme en témoignent, par exemple, les grévistes de la poste Colbert à Marseille. Et la mainmise du privé sur le service public ne peut qu'aggraver cette dégradation, comme on le voit à France Télécom, car les capitaux privés sont là pour rapporter des profits, les plus gros possible, sur le dos des postiers et des usagers, mais pas pour servir le public.

Il serait d'autant plus important que les postiers, soutenus par les usagers dans une lutte collective, mettent en échec les attaques du gouvernement. Ce serait la seule façon de garantir l'avenir.

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