Chaffoteaux - Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) : Treize semaines de lutte contre les licenciements01/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2148.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chaffoteaux - Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) : Treize semaines de lutte contre les licenciements

La lutte contre les 204 licenciements - la totalité des effectifs de production - programmés par la direction du groupe italien Merloni, propriétaire de Chaffoteaux, se poursuit depuis treize semaines. Entamée le 18 juin à l'annonce du plan de suppressions d'emplois, elle a pris la forme d'un blocage des stocks de produits finis, et aucune chaudière ni aucun chauffe-eau ne sont sortis de l'usine depuis trois mois.

Chaffoteaux, qui a compté jusqu'à 2 200 salariés au début des années 1980, a vu ses effectifs fondre au fil des plans dits « sociaux » et de la succession des patrons prédateurs, pour être réduits à 250 aujourd'hui, dont une grosse centaine se mobilisent vraiment lors des assemblées générales et des actions.

Pendant les vacances, il avait été décidé de mettre l'usine « sous surveillance », afin de ne pas permettre l'enlèvement du stock que les travailleurs considèrent à juste titre comme un « trésor de guerre » leur appartenant. Nous nous étions alors relayés par groupes de 20 à 40 tous les jours pour contrôler les portes d'accès et veiller à ce que la direction ne tente pas un coup de force pour récupérer machines et marchandises.

Au retour des vacances, il a été décidé de poursuivre le blocage de l'usine, mais sans faire la grève totale. L'assemblée générale du 17 août avait même décidé la reprise du travail mais avec maintien de piquets aux entrées. C'est donc sous la forme de débrayages d'une heure par équipe et par jour que ces piquets s'organisent depuis.

Bien que la direction du groupe ne nous livre presque plus de pièces et que la plupart des lignes de montage soient arrêtées, les patrons ont tout de même répliqué en envoyant un huissier afin de constater que le directeur ne pouvait plus tenir son poste. Nous avions en effet décidé que le directeur du site n'avait plus sa place dans l'usine et qu'il pouvait très bien rester à l'extérieur. L'occupation de l'usine se fait autour « d'ateliers » divers que les travailleurs animent, où chacun s'évertue à transmettre ce que les hasards des parcours professionnels nous ont fait connaître, de la soudure à l'informatique en passant par la coiffure !

Tout cela ne nous fait pas oublier que nous sommes en lutte contre un groupe qui dégage des bénéfices, et qui veut quand même licencier. La procédure dite économique se poursuit et le groupe Merloni maintient l'intégralité de son plan de licenciements.

Les représentants des organisations syndicales CGT et FO ont été reçus au cabinet du ministre de l'Industrie les 15 et 16 septembre. Mais comme pour Molex, il leur a été dit que le gouvernement ne pouvait pas intervenir contre des patrons qui licencient. Personne ne se faisait d'illusion quant à l'attitude du ministère dont toutes les décisions, évidemment conformes à la politique de Sarkozy, sont favorables au patronat et aux classes riches.

Les membres du Comité central d'entreprise ayant donné lundi 28 septembre un avis négatif au volet économique, le contenu du plan social devrait être annoncé le mercredi 30. Les actions de blocage de l'usine continuent, et la lutte va devoir s'accentuer. Les travailleurs sont décidés à faire payer cher à la famille Merloni sa volonté de leur supprimer leurs moyens de subsistance.

La lutte isolée d'une entreprise aux effectifs modestes pour interdire les licenciements est évidemment très difficile en l'absence d'une mobilisation générale du monde du travail. De même la possibilité d'une reprise dans le cadre du « climapôle », dont la CGT s'est fait le champion avec l'aide des collectivités locales de gauche, semble bien aléatoire. Il n'y a pour autant aucune raison pour que nous acceptions d'être jetés sans autre forme de procès avec les maigres indemnisations légales. C'est pourquoi, en plus de diverses mesures de reclassement et de formation, nous réclamons une prime de licenciement de 100 000 euros. Personne ne veut rester sans solution et sans ressources, comme les travailleurs l'ont exprimé dans un cahier de revendications en circulation depuis le retour des congés.

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