Allemagne : Une nouvelle claque pour le SPD - La droite seule au pouvoir01/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2148.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Une nouvelle claque pour le SPD - La droite seule au pouvoir

Les élections législatives qui ont eu lieu le 27 septembre en Allemagne ont été marquées par un désaveu des partis de la grande coalition (la droite CDU-CSU de la chancelière Angela Merkel et le Parti Social Démocrate SPD) qui ont gouverné ensemble le pays depuis quatre ans.

Cela s'exprime en particulier par la montée de l'abstention qui passe de 22,4 % à 29,2 %, le plus fort taux depuis la création de la République fédérale en 1949. La CDU-CSU perd 1,4 point et, tout en arrivant largement en tête avec 33,8 % des suffrages, réalise son plus mauvais score depuis 1949.

Le principal bénéficiaire du scrutin est le Parti Libéral, le FDP, qui progresse de 4,8 % à 14,6 %. Il se distingue de la CDU par un programme plus réactionnaire sur le plan social, réclamant l'assouplissement des conditions de licenciement ou des baisses plus importantes d'impôts pour les riches.

Mais les élections ont surtout fait apparaître un recul très important du SPD, le Parti Social-Démocrate, qui perd 11,2 % des voix (plus de six millions d'électeurs) et n'atteint que 23 %, son plus mauvais score... depuis 1893 ! En 1998, lorsque Schröder est arrivé au pouvoir, il recueillait encore 40,9 % des suffrages. En onze ans de participation gouvernementale (sept ans avec les Verts puis quatre ans avec la CDU), le SPD s'est donc profondément discrédité, tant il a gouverné contre les classes populaires : hausse de la TVA de 16 à 19 %, relèvement de l'âge de la retraite à 67 ans, extension des bas salaires, hausse du chômage, etc. C'est ainsi que 17 % de la population de Berlin vit aujourd'hui de Hartz IV, ce système d'aides instauré en 2005 et qui intervient après un an d'indemnités de chômage. Son montant s'élève à 359 euros par mois et par adulte. Autant dire qu'il ne permet que de survivre dans la misère.

Et puis le SPD n'avait vraiment rien de concret à proposer aux travailleurs. On peut en juger par la vacuité de son principal slogan électoral, « Notre pays peut mieux faire »... qui ressemblait à s'y méprendre à celui du FDP, « L'Allemagne peut mieux faire ».

Ce discrédit s'est traduit par un report d'une partie des voix social-démocrates sur la gauche vers Die Linke (La Gauche), le parti formé par des dissidents du SPD et le PDS, lui-même issu de la transformation de l'ancien parti stalinien d'Allemagne de l'Est. Die Linke progresse de 3,2 % et atteint 11,9 %. Alors que le PDS avait failli disparaître du Parlement en 2002, avec seulement deux élus, Die Linke compte désormais 76 députés. Bien implanté dans l'ancienne RDA, il réalise aussi des scores non négligeables dans des régions ouvrières de l'Ouest : Sarre (21,2 %), Brême (14,1 %), Hambourg (11,2 %), Ruhr (13,7 % dans la circonscription de Duisbourg II, 11,7 % dans celle d'Essen II).

Die Linke réclame le départ des troupes allemandes d'Afghanistan et, sur le plan social, dénonce les mesures Hartz IV. Mais sa politique semble viser surtout à représenter une opposition parlementaire... en attendant que le SPD mette fin à tout ostracisme à son égard et accepte de passer des accords avec lui, comme à Berlin où les deux partis gouvernent ensemble la capitale.

Angela Merkel reste donc chancelière et va pouvoir s'appuyer désormais sur une majorité parlementaire de droite. Et elle va bien sûr poursuivre, avec le FDP, la même politique qu'elle menait déjà avec le SPD en faveur des possédants. Le nouveau gouvernement voudra continuer à faire payer la crise aux couches populaires, et en particulier l'énorme déficit de l'État, aggravé par les aides données aux banques et aux grandes entreprises. De nouvelles vagues de licenciements sont prévues, et en premier lieu chez Opel. Et d'autres mesures antiouvrières sont déjà en discussion, de l'augmentation de l'âge de la retraite à 69 ans, mise en avant par la Bundesbank, à de nouvelles réductions des prestations sociales, annoncées avant le scrutin par le ministre (SPD) des Finances sortant.

Autant dire que, dans la période qui vient, les travailleurs d'Allemagne auront à lutter pour faire face à toutes ces attaques.

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