Les élections législatives au Portugal : Un désaveu du PS et de la droite01/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2148.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Les élections législatives au Portugal : Un désaveu du PS et de la droite

Les élections législatives portugaises du dimanche 27 septembre n'ont guère modifié le rapport de force entre le Parti Socialiste et le Parti Social-Démocrate de droite. Cependant ces deux grands partis, qui gouvernent le pays depuis 1975, ont tous deux été sanctionnés par l'électorat.

Le PS du Premier ministre sortant José Socrates vient en tête et restera au gouvernement. Toutefois il passe de 45 % des voix et 121 députés, en 2005, à 36 % et 96 députés. Il semble s'orienter vers un gouvernement minoritaire au Parlement, avec tous les problèmes que cela peut entraîner. Il paie quatre années de politique antisociale.

Quant au PSD, il ne gagne pas grand-chose et la presse le considère volontiers comme le grand perdant du scrutin, dont les leaders vont se déchirer entre eux. Il obtient 29 % des voix et 78 élus, gagnant moins de 0,3 % et six députés. Or cela fait quatre ans qu'il est dans l'opposition, quatre ans que le PS se déconsidère en gouvernant en faveur des riches et en faisant supporter aux travailleurs tout le poids de la crise. À la droite du PSD en revanche, c'est le Parti Populaire qui se renforce et obtient 21 députés.

Tout en défendant le bilan de ses quatre années au gouvernement, la campagne du PS consistait à proposer une relance de l'économie par de grands travaux, comme un nouvel aéroport pour Lisbonne, un nouveau pont sur le Tage, une liaison Lisbonne-Madrid par TGV. Le PSD se prononçait contre ces travaux et pour la réduction des dépenses publiques. Il misait aussi beaucoup sur le conservatisme catholique en critiquant un projet de mariage homosexuel avancé par le PS. Mais il n'avançait rien qui puisse apparaître comme une politique face à la crise et attirer les voix d'une partie des couches populaires frappées par le chômage.

Les voix perdues par le PS se sont reportées sur les partis marqués plus à gauche. Le Bloc de Gauche, issu de formations d'extrême gauche, obtient près de 10 % des voix et 16 députés (2005 : 6,4 %, 8 députés). Il est désormais une force électorale nationale et propose de reconstruire la protection sociale, de créer un impôt sur les grandes fortunes et d'amener le montant des retraites au niveau du salaire minimum. Enfin, le Parti Communiste, qui critiquait lui aussi la politique « libérale « menée par le PS, progresse légèrement avec 7,9 % des voix et 15 députés, son leader Jeronimo de Sousa voyant là l'amorce d'une remontée durable.

« Nous avons été choisis une fois de plus pour gouverner le Portugal. C'est une victoire claire et extraordinaire », s'est exclamé José Socrates au soir des élections. L'extraordinaire est sans doute qu'il n'ait perdu que 9 % des voix. Une victoire du PSD aurait à coup sûr signifié un gouvernement de combat contre les classes populaires, mais le PS au gouvernement va poursuivre sa politique en faveur de la bourgeoisie. À supposer qu'il lance les grands travaux dont il a parlé dans sa campagne, ceux-ci serviront bien plus à la relance des profits qu'à celle de l'emploi.

Les luttes sociales ne se sont pas interrompues, cette fois-ci, le temps de la campagne électorale, amenant peut-être José Socrates à gauchir un peu son discours. Les salariés de la santé, des transports et de l'administration ont mené des grèves à la veille du scrutin. Contre la crise, le chômage, les bas salaires, les retraites de misère, ce sont ces luttes qui représentent une perspective pour le monde du travail.

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