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Antilles : Après la hausse des prix des carburants, le mécontentement grandit
L'annonce le 15 septembre, par la secrétaire d'État à l'Outre-mer Marie-Luce Penchard, de l'augmentation de 6 centimes des prix des carburants aux Antilles a provoqué un grand nombre de protestations. En premier lieu, de la part des représentants du LKP qui avaient signé, en Guadeloupe, l'accord mettant fin à la grève générale de février-mars 2009.
Cet accord prévoyait non seulement une augmentation des bas salaires de 200 euros, mais aussi le gel des loyers pendant un an et le gel du prix des carburants jusqu'à ce que la transparence soit réelle sur la méthode de calcul des prix de la Sara (Société antillaise de raffinerie), filiale de Total qui détient le monopole de l'approvisionnement en carburant.
Des protestations se sont également élevées dans les milieux politiques, venant notamment du président socialiste du Conseil régional de la Guadeloupe, qui estime que rien n'a encore été établi concernant la méthode de calcul des prix et des marges de la Sara.
Fin juin, l'Autorité de la concurrence notait d'ailleurs que les marges de distribution entre l'arrivée du carburant au port et la pompe avaient bondi de 44 % entre 2001 et 2008 en Guadeloupe. La même Autorité de la concurrence a également lancé un pavé dans la mare en « découvrant » des prix majorés pour toutes les marchandises, de 50 % à plus de 100 %, sans que rien ne justifie de telles différences.
C'est dire donc que l'opacité est totale sur les agissements du petit groupe de possédants qui contrôlent les importations de tous les produits utiles aux besoins de la population. Les mêmes sont aussi actionnaires de la Sara ; ils sont à la fois importateurs de pétrole brut, importateurs de produits pétroliers déjà raffinés, qu'ils commercialisent dans des conditions que même l'administration préfectorale avoue ne pas bien comprendre et encore moins contrôler.
Même des représentants locaux de l'UMP ont estimé que ces nouvelles hausses sont prématurées ou maladroites, sachant très bien que le climat créé par la grève générale de février-mars est encore très vif.
On l'a d'ailleurs bien senti quand le LKP a annoncé qu'il ne laissera pas passer sans réagir les attaques et le non-respect des accords de mars 2009. L'opinion qu'il faut se faire respecter est largement répandue dans la population. Plusieurs meetings se sont tenus depuis la fin du mois d'août, dont l'un a rassemblé plus de deux mille personnes à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, tandis qu'à Fort-de-France, en Martinique, un meeting d'importance comparable se tenait quelques jours plus tard à l'appel du Collectif du 5 février.
Sur les deux îles les responsables syndicaux, ceux du LKP et du Collectif du 5 février ont décidé de préparer la mobilisation afin de réagir en temps utile, non seulement contre la décision péremptoire et injustifiée d'augmenter le prix des carburants, mais aussi sur d'autres manquements au respect des accords de mars 2009. C'est ainsi que ces organisations font remarquer qu'une partie des 200 euros, qui devait être versée par l'État, a été transformée en un versement trimestriel accordé après avoir rempli un formulaire compliqué, comprenant près de 130 rubriques ! Ce qui a pour résultat que, pour le trimestre passé, seule une minorité de salariés ont pu toucher cette aide de l'État, la majorité des dossiers ayant été rejetés, car non conformes.
L'accord prévoyait aussi la baisse des prix de plusieurs centaines de familles de produits, qui n'est pas réellement respectée ou est contrecarrée par la disparition des produits concernés dans les rayons des magasins.
Il faut ajouter qu'un certain nombre de patrons, particulièrement dans les petites entreprises, ont décidé de ne pas appliquer l'accord sur les 200 euros, alors que celui-ci a été étendu depuis juillet 2009.
C'est contre tout cela qu'une riposte est en préparation.
En Guadeloupe, une campagne de meetings se déroule, rassemblant entre 200 et plus de 1 000 personnes selon les lieux. Dans de nombreuses entreprises, les syndicats ont appelé à des assemblées générales pour préparer cette riposte. Enfin, une manifestation est prévue le 3 octobre à Pointe-à-Pitre et Fort-de-France, afin de faire le bilan de la mobilisation et lancer les étapes futures de la mobilisation.
Dans la population, parmi les travailleurs ou dans les quartiers, des militants sont interpellés pour savoir ce qui est prévu pour répondre aux attaques et à l'arrogance du gouvernement et des patrons. Il est donc certain que celles-ci ne passeront pas comme lettre à la poste.