G2O de Pittsburgh : Derrière l'écran de fumée, rien ne change01/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2148.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

G2O de Pittsburgh : Derrière l'écran de fumée, rien ne change

Présentant le G20 de Pittsburgh à ses lecteurs des milieux d'affaires, le Wall Street Journal l'a qualifié de « fête du bla-bla ». En effet, les chefs d'État et de gouvernement des vingt premières économies du monde ont eu beau se féliciter des résultats de leur troisième réunion en un an, ils n'ont, encore une fois, pas décidé grand-chose.

D'abord, parce que ce n'est pas dans des sommets à grand spectacle que les choses se décident. Ensuite parce que, derrière l'estrade, les grandes puissances restent rivales, même si elles ont toutes en commun de défendre un ordre mondial socialement injuste et économiquement irrationnel.

Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a affirmé que les participants au G20 « ont adopté un plan international pour l'emploi, la croissance et une reprise économique durable ». Cela, c'est pour la galerie. En revanche, le communiqué final officiel de Pittsburgh met en garde contre « un excès de confiance » dans tous les domaines. En clair, tout ce beau monde ne croit pas un mot de ce qu'il répète devant les caméras. Avec une mention spéciale pour Sarkozy qui, ayant convoqué TF1 et France 2 pour un direct depuis les États-Unis, a une fois de plus fait son numéro sur ce qu'il appelle « la moralisation du capitalisme », « la fin des paradis fiscaux » ou la limitation des bonus, en présentant la chose comme déjà réalisée, ce dont bien sûr il s'attribue le mérite.

En fait, le G20 a seulement parlé d'étaler les bonus des traders sur trois ans, sans prévoir aucune mesure tant soit peu contraignante. Le tout, bien sûr, sans dire un mot des revenus fantastiques des banques et de leurs actionnaires, que les discours des bateleurs de foire sur les traders cherchent à faire oublier. On retrouve le même flou artistique quant à la surveillance des paradis fiscaux. Côté régulation du système financier mondial, autre promesse de Sarkozy, le G20 n'a rien décidé non plus. C'est le cas notamment sur ce qui oppose les banques américaines et les autres, surtout européennes, à propos du renforcement des ratios de fonds propres, une mesure qui serait censée limiter les risques de faillites bancaires retentissantes.

Concernant les autres sujets qui pourraient fâcher les grandes puissances rivales, notamment les barrières douanières appliquées à l'agriculture et les subventions agricoles, ou les mesures à prendre pour faire face au réchauffement climatique, les présents au G20 ont décidé d'aller... « aussi vite que possible ». Un engagement qui n'engage guère, quand on sait que, sur ces questions qui les opposent, les choses sont depuis des années au point mort ou presque.

Alors, faute de mieux, certains soulignent que ces vingt États qui représentent « 85 % de la richesse mondiale » (les pays pauvres n'ont à leurs yeux pas voix au chapitre) se concertent face à la crise mondiale. Disant qu'il est « hors de question d'attendre la crise - comme si elle n'était pas là ! - pour coopérer », le président américain Obama s'est félicité que le « nouveau cadre de travail (du G20) permettra à chacun d'entre nous d'évaluer la politique des autres, de parvenir à un consensus sur les réformes et de garantir que la demande mondiale soutient la croissance pour tous ».

Il est vrai qu'il est une chose sur laquelle les membres du G20 se sont entendus : elle concerne ce qu'ils appellent leurs politiques de relance. Ainsi le communiqué final de Pittsburgh se félicite - « Ça a marché », dit-il - des mesures adoptées après le G20 de Londres, en avril 2009, et de « notre réponse énergique qui a contribué à (...) stabiliser les marchés financiers », en annonçant que les membres du G20 entendent poursuivre dans la même voie : celle qui consiste à prendre dans la poche des travailleurs et des plus pauvres pour remplir les coffres des spéculateurs, des banquiers et des grands groupes capitalistes.

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